Les voies de la contestation urbaine

1980; Volume: 6; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3406/aru.1980.984

ISSN

2497-7098

Autores

Dominique Mehl,

Tópico(s)

French Urban and Social Studies

Resumo

Ce qu'on a appelé les luttes urbaines ont été, en France, plus un ensemble de mouvements, multiples, faiblement structurés, sans référence commune explicite qu'un mouvement social urbain d'ensemble. Leurs objets sont multiples : contre la rénovation-déportation ; contre les foyers-taudis ; occupation des logements vides ; contre l'augmentation des tarifs de la R A T P ; pour la carte unique de transports payée par les employeurs ; défense de l'environnement : contre les centrales nucléaires, les surrégénérateurs, les autoroutes urbaines ; grèves des loyers, lutte contre l'augmentation des charges. Le rappel que fait D. Mehl des luttes urbaines met en évidence la diversité des enjeux, des formes d'organisation, des pratiques de lutte, des représentations du changement urbain qu'elles véhiculent. Cependant, deux logiques revendicatives distinctes se dessinent nettement : la logique syndicale et la logique de réforme urbaine. La première est marquée par les types de revendications quantitatives, économiques, par exemple dans le domaine du logement ou des transports en commun. Les associations et les groupements agissent selon la logique de type syndical ; ils se caractérisent en outre par une méfiance assez générale et une attitude assez critique vis-à-vis de la participation au fonctionnement de l'appareil administratif de l'Etat. Ils ont tendance à globaliser les problèmes et à prendre en charge l'ensemble des revendications liées à la consommation. L'enjeu de ce type de mouvements est de faire émerger la notion d'usage, de droit d'usage, contrairement au droit de propriété, au même titre que le mouvement ouvrier a fait émerger le droit lié à la production, le droit du travail. Les logiques revendicatives du deuxième type, dites de réforme urbaine, sont apparues avec les mouvements de défense de l'environnement contre des projets qui viennent modifier de façon insupportable les conditions de résidence et le tissu urbain local. Ces positions de défense conduisent nombre des mouvements à mettre en cause, par exemple, le statut de l'automobile en zone urbaine et contestent la priorité de fait accordée à l'automobile, et ses conséquences sur l'ensemble de la vie urbaine en général. Proposant des solutions alternatives, ces mouvements sont donc aux prises avec les problèmes de la participation et des rapports de l'Etat avec les associations. Préservant leur autonomie revendicative, demandant aussi plus de participation, ces mouvements sont conduits à mettre en cause l'intervention omniprésente de l'Etat dans la société civile, dans tous les aspects de la vie sociale. Les luttes syndicales prennent corps dans un contexte social populaire, marqué par la présence de salariés, ouvriers, employés, petits cadres moyens, un pluriclassisme populaire. A l'opposé, les mouvements relevant de la logique de réforme urbaine vivent d'une forte mobilisation des «couches moyennes» (cadres moyens et petits cadres supérieurs).

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