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Voyage de la Commission française envoyée par le Ministre de l'Instruction publique sur la côte orientale de la presqu'île de Malacca, pour y observer l'éclipse totale de Soleil du 18 août 1868

1870; Société Mathématique de France; Volume: 7; Linguagem: Francês

10.24033/asens.68

ISSN

1873-2151

Autores

Stephan Stephan,

Tópico(s)

Island Studies and Pacific Affairs

Resumo

Avant d'aborder le récit de notre voyage, nous exposerons brièvement quel était son but principal, et dans quelles conditions il fut entrepris.A toutes les époques, les éclipses totales de Soleil ont éveillé dans le public et dans le monde savant des préoccupations diverses qu'expliquent: d'une part, leur rareté pour chaque point du globe, la perturbation apparente quelles amènent dans Fordre régulier de la nature, la beauté grandiose du spectacle; de l'autre, les moyens qu'elles offrent pour le contrôle et la rectification des Tables du Soleil et de la Lune.Mais cette curiosité, un peu banale jusqu'alors a fait place, dans ces (*) Les personnes qui ont suivi le développement des études scientifiques à l'École Normale depuis un certain nombre d'années auront remarqué, sans doute, que la direction de l'expédition française pour l'observation de l'éclipsé totale de Soleil du 18 août ï868 a été confiée à trois Jeunes savants sortis de cette École : MM.Stephan, Bayet et Tisserand.Cette circonstance est trop à l'honneur de l'École Normale pour que la rédaction de ces Annales n'ait pas tenu à en conserver le souvenir, en insérant dans ce Recueil le très-intéressant récit que M. Stephan a bien voulu rédiger à sa demande.L P. ï3. OBSERVATION DE L'£CLIPSE TOTALE DE SOLEILderniers temps, à un intérêt de l'ordre le plus élevé.Depuis un quart de siècle en effet, l'étude de ces phénomènes, à l'aide d'instruments puissants, a révélé des faits entièrement nouveaux et soulevé les problèmes les plus importants sur la constitution physique'du Soleil.On savait qu'au moment où le dernier filet lumineux disparaît derrière le disque de la Lune, celui-ci paraît entouré d'une auréole brillante traversée par des jets plus ou moins rectilignes en forme de gerbes, d'un éclai comparable à celui de la Couronne et auxquels on a donné le nom de gloires.Outre ces apparences déjà signalées, les observateurs modernes, et en particulier ceux de 184^ et de 1860, aperçurent des espèces de flammes rougeâtres, à contours bien définis, disposées sur le pourtour de notre satellite en contact avec le bord suivant les uns, flottant à une certaine distance suivant les autres.L'annonce de ces faits extraordinaires, auxquels la variété des témoignages, aussi bien que l'habileté des observateurs, donnaient une authenticité incontestable, souleva les hypothèses les plus variées.A quoi fallait-il attribuer la présence de ces protubérances rouges ?Devaiton y voir un jeu de lumière ou une réalité objective, et, dans ce dernier cas, de quelle nature étaient ces corps nouveaux?tenaient-ils au Soleil ou à la Lune?En 1860, MM.Y. Villarceau et Chacornac avaient exécuté des mesures tendant à faire supposer que les protubérances appartiennent au Soleil.Toutefois, on ne pouvait fonder une opinion péremptoiresur les résultats d'une seule observation.Il était donc à " souhaiter qu'on pût reprendre la question et l'étudier dans les meilleures circonstances avec l'expérience des essais déjà tentés.Le plus grand obstacle que l'on rencontre dans l'observation de ces phénomènes consiste dans leur peu de durée.Quels que soient le sang-froid et Fagilité d'un observateur, il lui est impossible d'utiliser tous les Instants comme il le ferait pour un travail usuel.Forcé de partager son attention entre ce qu'il voit, ce qu'il attend à coup sûr et ce qu'il espère d'inopiné, il lui faut d'un coup d'oeil faire la part de ce qu'il doit négliger ou considérer d'une manière plus spéciale.Les premiers moments sont donc forcément sacrifiés et les derniers utilisés avec le plus de fruit.Il en résulte que l'importance d'une éclipse est d'autant plus grande, que sa durée est plus considérable.Celle du iSaoût 1868 offrait, sous ce rapport, une occasion excep-DU a 8 AOUT 1868.ECU tionnellemenfc favorable.A cette date, la Lune distante de son périgée de 6 heures seulement, présentait un diamètre apparent presque égal à son maximum, tandis que le diamètre du Soleil n'excédait son minimum que de 9 secondes d'arc; par cette double raison, la durée de l'obscurité complète devait atteindre jusqu'à 6 minutes 4 7 secondes pour les points du globe les plus favorisés.Une circonstance aussi heureuse ne s'est pas présentée depuis trois siècles.S'il était à souhaiter qu'on ne "laissât pas échapper une si belle occasion sans en tirer tout le parti possible, une difficulté très-grande mettait obstacle au zèle des astronomes d'Europe : le phénomène devait rester invisible pour cette partie de notre continent.En jetant les yeux sur la carte placée à la fin de ce Mémoire, et qui n'est qu'une réduction de celle qui a été publiée par le Bureau des Longitudes, on voit que la ligne de l'éclipsé centrale passe près d'Aden, traverse riiidoustaii qu'elle atteint à l'ouest un peu au-dessus de Goa, et à l'est près de Mazulipatam, coupe la presqu'île de Malacca, par une latitude de ïs degrés environ, rencontre la pointe du Cambodge, les Célèbes et vient longer le sud de-la Nouvelle-Guinée.Or, dans l'état de la science, on ne doit pas songer à observer les éclipses sans être muni d'instruments puissants et d'une qualité éprouvée.L'expérience a montré que la plupart des idées fausses qui ont eu cours pendant longtemps, et qui ont amené des théories si bizarres sur la constitution du Soleil et de la Lune, prenaient leur source dans l'emploi, par les anciens observateurs, de lunettes imparfaites et de petites dimensions.Il fallait donc transporter dans une contrée lointaine tout le matériel d'un observatoire complet.Malgré les difficultés d'une telle entreprise, les gouvernements d'Angleterre, de la Prusse, de l'Autriche et de la France s'empressèrent de fournir aux astronomes les moyens nécessaires pour l'exécuter, En France, deux expéditions furent organisées, sous les auspices de S. Exc.le Ministre de l'Instruction publique, l'une par le Bureau des Longitudes, l'autre par l'Observatoire de Paris.La première fut décidée dès le principe.M. Janssen, qui avait pour objet spécial l'examen spectroscopique des protubérances, la composa seul et choisit pour s'établir un point voisin de MaxulipaUuïi.La deuxième, sans négliger le côté spectroscopique, devait s'occuper' 1 des 102 OBSERVATION DE L'ECLIPSE TOTALE DE SOLEIL phénomènes au point de vue astronomique ordinaire.Sa formation entraînant des frais plus considérables, fut plus tardive; enfin elle fut résolue définitivement en février 1868 sur l'avis d'une Commission de marins et d'astronomes chargés de se prononcer sur son opportunité, et en cas d'affirmative sur le choix d'une station.La Commission désigna comme lieu de l'observation celui où la ligne de l'éclipsé centrale coupe la côte est de la presqu'île de Malacca, par 11° 42' environ.En-même temps, elle demandait, pour les dépenses du personnel, l'achat des instruments, les modifications qu'on devait y apporter, et leur transport, un crédit spécial de Soooo francs.La modicité de cette somme doit surprendre; mais on avait fait entrer en ligne de compte le concours éventuel de la marine française, qui n'a jamais fait défaut» quand il s'est agi des progrès de la science^ et le résultat est venu confirmer cette prévision.Les raisons pour lesquelles on choisit la presqu'île de Malacca sont les suivantes.D'abord, le point adopté est, en terre ferme, celui où l'éclipsé devait atteindre sa plus grande durée; d'autre part, les Allemands devaient se fixera Aden, lesAnglais près de Mazulipatam; M. Oudemans, de Batavia, dans les Célèbes; la France, en se plaçant dans le voisinage de nos possessions de Cochinchine, complétait d'une manière avantageuse une chaîne de points régulièrement espacés sur le parcours de la ligne centrale.Dans l'impossibilité de s^installer à la pointe du Cambodge, dont les côtes marécageuses et garnies de palétuviers sont inabordables, on ne pouvait hésiter qu'entre l'île de Poule-Condor ( 4< ) etia presqu'île de Malacca.Aucune de ces deux stations n'offrait à l'avance une grande probablité de beau temps.Toute cette région est fortement soumise à l'influence des moussons, et pendant celle du sud-ouest, qui comprend le mois d'août, leciel est généralement couvert et pluvieux.Cependant M. Aubaret, qui habita Bong-Kok pendant plusieurs années en qualité de consul de France et qui eut occasion, à plusieurs reprises, de naviguer sur le golfe de Siam, affirmait, en se basant sur son expérience personnelle et sur les assertions du capitaine anglais Kichards, que, pendant le mois d'août, la côte occidentale du golfede (*) Le ciel est resté couvert à Poulo-Condor pendant toute la durée de F éclipse.DU ï8 AOUT l868. ÏO'3Siam jouit en général d'un plus beau temps que la côte opposée.Enfin le point, désigné se trouve abrité par une haute chaîne de montagnes parallèles à la côte, les monts de Kow-Luang, que l'on jugeait devoir arrêter les vapeurs venant de l'ouest.Ces différentes considérations firent donner la préférence à la presqu'île de Malacca.Le personnel de l'expédition n'était pas encore composé.M. le Ministre, par l'intermédiaire de M. le Directeur de l'Observatoire, me fit offrir d'en prendre la conduite.J'acceptai, et bientôt après je décidai mes amis, MM.Rayet et Tisserand, à m'accompagner.Nous étions à la fin de mars : une dépêche fut expédiée à la hâte à M. le contre-amiral Ohier, gouverneur de Cochinchine, pour le prier de faire explorer la côte de la presqu'île et de transmettre à la cour de Siam l'annonce de notre prochaine arrivée sur son territoire.Par le premier courrier qui suivit, on envoya des instructions détaillées sur les travaux préliminaires à exécuter.Il nous restait à peine deux mois et demi pour les préparatifs.M. Eichens, l'habile artiste chargé de la partie mécanique, mit tout en oeuvre pour être prêt à temps.Or, il fallait monter équatorialement pour la latitude de 1i 0 /?', le télescope Foucault de o^o d'ouverture, qui appartient à l'Observatoire de Paris, un deuxième télescope de 0^,20 construit spécialement pour l'expédition, par M. Martin, une lunette de Gauche, de 6 pouces, et construire de toutes pièces un magnétometre de Gauss pour M. Rayet, qui se proposait de se livrer à diverses recherches au voisinage de l'équateur magnétique.En outre 3 spectro" scopes de grandes dimensions furent commandés à M. Duboscq.Tous Ces instruments, plus une pendule astronomique, une lunette méridienne d'Eichens et une foule d'objets accessoires devaient se trouver à Marseille avant le 19 juin, date du départ du courrier, et assez solidement emballés pour supporter les chances multiples d'un voyage de 3ooo lieues avec trois embarquements, autant de débarquements et deux voyages en chemin de fer.La brièveté de ce délai nous contraignit, à mon grand regret, à faire le sacrifice de la photographie.Nous avons cherché a y suppléer le mieux possible par des dessins-Notre programme se trouvait ain-si circonscrit dans le cadre suivant : i° Observation des contacts;

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