Michael Riffaterre pour lire les poètes du XVIe siècle
2002; Columbia University Press; Volume: 93; Issue: 1-2 Linguagem: Francês
10.1215/26885220-93.1-2.91
ISSN2688-5220
Autores Tópico(s)Historical and Literary Studies
ResumoLorsqu'il s'engageait decisivement en faveur d'une approche formelle l'histoire litteraire et la lecture des textes, Michael Riffaterre lancait un defi, en particulier, aux francais: il secouait vigoureusement la doxa critique qui rationalise des motivations jugees d'abord aberrantes, sans voir que surface n'est qu'un motive autre, que l'immotive est la marque [...] la surdetermination au niveau la structure (1), et se laisse trop souvent aller a la tentation l'exegese philologique telle que beaucoup seiziemistes la pratiquent encore (p. 113); et il soulignait la necessite comprendre que la poesie erudite la Renaissance, si elle parait souvent obscure a qui ne possede pas ses codes, voile en indiquant comment devoiler, et ou se trouve la clef l'enigme. Il incite, comme on sait, a passer hardiment d'une lecture lineaire a une analyse des processus signifiance (p. 115), a transiter d'une simple etude la mimesis a celle la semiosis, sans jamais perdre vue que l'univers la poesie n'est pas un monde choses, mais un monde mots (2). Et il a d'ailleurs a mainte reprise montre la voie aux seiziemistes. Ici (3) il s'appuie sur deux sonnets Ronsard et un sonnet Magny pour analyser le jeu mots intertextuel generateur d'equivoque, en examinant des incompatibilites lexematiques, ces formules a premiere vue bizarres, sein verdelet, gazons lait, ou de lait deux petits gazons; il montre que meme lorsque la relation a l'intertexte (ici l'Arioste) n'est plus percue pour qui n'a pas l'erudition impeccable d'un Riffaterre (4)--une authentique erudition, bien differente la feinte erudition tant seiziemistes francais--, il reste que le jeu mots n'a pas perdu son pouvoir, et qu'il constitue un autre intertexte (p. 113). La il pratique une lecture subtile du sonnet VII Du Bellay dans les Songes (5), produisant in fine cette etonnante revelation: On le croit d'abord sonnet des oiseaux. Mais voici que son petrarquisme enfin se devoile: on ne comprend le texte que lorsqu'il se revele sonnet du feu(p. 126). Plusieurs des notions ici proposees, inventees on reinventees, reactivees en tous les cas par des definitions precises et rigoureuses, et illustrees d'exemples fort precis dans leur diversite, toujours analyses avec acuite--il est fort rare d'unir comme le fait Michael Riffaterre erudition et intelligence, impeccable theorisation et pratique la lecture-, nous sont ainsi devenues indispensables; notamment la distinction posee entre des notions banalisees et souvent confondues, intertexte et intertextualite (6), l'opposition marquee entre mimesis et semiosis, pour definir les deux voies qu'emprunte la critique, la lecture lineaire et la lecture retroactive, ont revele leur fecondite, tandis que la notion d'interpretant (7) repond fort exactement aux necessites la demarche hermeneutique, ou que la notion codes se trouve heureusement precise (8). Sans pouvoir pretendre rivaliser avec la rigueur theorique et le talent hermeneutique Riffaterre, je me bornerai a illustrer quelques exemples l'interet cette approche formelle: je m'attacherai d'abord a quelques cas d'agrammaticalites (9) dans la poesie Sceve, en rappelant l'heureuse formule Ronsard, louant les belles figures que les poetes en leur fureur ont trouvees, franchissant la loi Grammaire (10); puis a deux structures en forme leurre dans la poesie Sponde ... Voici d'abord dans Delie Sceve deux petites enigmes, parmi d'autres. Le dernier dizain du Canzoniere s'acheve sur une bizarrerie, ou plutot deux: Flamme si sainte en son clair durera, Toujours luisante en publique apparence, Tant que ce monde en soi demeurera Et qu'on aura Amour en reverence. Aussi je vois bien peu difference Entre l'ardeur, qui nos coeurs poursuivra, Et la vertu, qui vive nous suivra Outre le Ciel amplement long, et large. …
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