Le portail de Santa Maria da Vitória de Batalha (Portugal) ou l'art européen à ses confins
2010; Groupe Flammarion; Issue: 168 Linguagem: Francês
ISSN
1953-812X
Autores Tópico(s)Historical Art and Architecture Studies
ResumoLe portail principal du couvent dominicain de Batalha a longtemps constitue une enigme au sein du panorama monumental portugais de la fin du Moyen Âge. Aucun antecedent, aucun exemple anterieur ne parait avoir prepare cet ensemble sculptural d'une telle nouveaute, tant iconographiquement que stylistiquement. Les historiens de l'art portugais se sont heurtes, depuis la fin du XVIIIe siecle, au caractere exogene de cette rupture dans le developpement artistique du royaume lusitanien sans parvenir a lui assigner une source assuree. Pourtant, un regard attentif aux dispositions architecturales du monument et une analyse precise de la statuaire de ce portail permettent de proposer de nouvelles hypotheses quant a la chronologie des travaux, la nature du programme iconographique ou la provenance des ateliers du chantier. L'arrivee du mysterieux maitre Huguet, qui prend la suite du maitre d'œuvre Afonso Domingues, est marquee par un renouvellement profond des intervenants de ces travaux et, consecutivement, des formes et des techniques employees. Ce sont les sculptures du portail de l'eglise de Castello d'Empuries en Catalogne, realisees entre 1406 et 1410 sous la direction du picard Pere de Santjoan (Pierre de Saint-Jean), qui doivent etre en premier lieu stylistiquement rapprochees de la statuaire batalhinaise. Le systeme de couvrement tout a fait specifique de la salle du chapitre de Batalha prend d'ailleurs directement modele sur les bovedas estrelladas catalanes dont la genese et le developpement en Europe peuvent etre suivis entre le milieu du XIVe siecle et le milieu du siecle suivant de Perpignan a Naples. Derriere l'ascendance catalane, se percoit cependant le poids d'une formation plus septentrionale des sculpteurs de Santa Maria da Vitoria qui paraissent avoir connu les travaux de la tour sud de la cathedrale de Rouen et surtout les realisations d'Andre Beauneveu pour la Sainte-Chapelle de Bourges ou le château de Mehun-sur-Yevre. Le parcours ainsi reconstitues de ces ateliers de sculpteurs, de formation - sinon d'origine - normande ou picarde, ayant ete en contact avec les travaux francais les plus illustres de la fin du XIVe siecle puis actifs en Catalogne et dans le Levant peninsulaire dans la premiere decennie du siecle suivant avant d'œuvrer, dans le second quart du XVe siecle, au portail de Batalha, permet de percevoir l'ampleur et la richesse des echanges artistiques dans l'Europe de la fin du Moyen Âge.
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