De « l’ombre légère » à la « machine à écrire familiale »
2012; Q23047551; Issue: 35 Linguagem: Francês
10.4000/clio.10489
ISSN1777-5299
AutoresIsabelle Lacoue-Labarthe, Sylvie Mouysset,
Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoDe « l'ombre légère » à la « machine à écrire familiale » : l'écriture quotidienne des femmes Isabelle LACOUE-LABARTHE & Sylvie MOUYSSET Les écritures du quotidien sont aujourd'hui bien souvent affaire de femmes 1 ; celles-ci recueillent, sauvent et agencent l'éphémère patrimoine mémoriel qui, sans le secours de quelque soeur, tante ou vieille cousine, serait voué à l'oubli.Véritables « machines à écrire familiales », selon la formule chère à Bernard Lahire, les femmes notent, archivent et mettent en forme les traces d'un passé ordinaire qui prend tout son sens à la faveur de leurs commentaires et gardent la famille en vie 2 .Avant le XIX e siècle, la mémoire familiale n'était pas dans les mains des femmes ; ou alors le fait semblait exceptionnel.Jadis ombres légères, elles ont, en prenant la plume, changé de place, comme le soulignait Daniel Fabre en 1997 : Alors que l'écrit domestique central était le carnet où s'égrenait une sorte de livre de raison (l'agenda du berger, du vigneron ou du maraîcher), donc une affaire d'homme, voici maintenant les femmes en charge de la comptabilité et de tous les papiers afférents à l'exploitation, assumant une vraie tâche de secrétariat d'entreprise, alors que, par ailleurs, elles se révèlent bien plus grandes lectrices 3 .D'exceptionnelle, éphémère et interstitielle, la pratique d'écriture est peu à peu devenue régulière et même quasi exclusivement féminine.Ses formes sont des plus variées, du simple post-it laissé aujourd'hui sur la porte d'un réfrigérateur à la longue lettre envoyée autrefois par une fille à sa mère.Pour les qualifier, les historiens français affectionnent la formule « écrits du for privé », inventée par 1 Siblot 2006.
Referência(s)