Artigo Acesso aberto

Approches autochtones du chamanisme sibérien au début du XXIe siècle

2006; Volume: 19; Linguagem: Francês

10.2307/40240633

ISSN

2296-4177

Autores

Henri Lecomte,

Tópico(s)

African Studies and Ethnography

Resumo

Au début du XXI e siècle, il reste encore en Sibérie de rares chamanes traditionnels, reconnus par leur communauté pour leur fonction rituelle d'intermédiaires avec le monde des esprits, et ceci malgré la féroce répression qui s'est exercée contre eux au cours de l'ère soviétique.Mais le chamanisme est aussi présent dans bien d'autres manifestations musicales d'où le chamane est absent : rituels collectifs anciens reconstitués après la perestroïka, représentations sur une scène de théâtre ou groupes d'ethnorock ou de néofolk professionnels menant parfois des carrières internationales.C'est ce monde divers mais toujours imprégné des anciennes croyances que je vais tenter de décrire, à partir de ce que j'ai pu observer personnellement ou de témoignages d'autochtones ou de chercheurs étrangers.2 Il faut d'abord préciser que le chamanisme est certes un phénomène où l'individu tient une grande place, où les rituels ne sont pas obligatoirement très fixes, mais aussi que ce phénomène se développe au sein d'une société chamanique, ce qui fait toute la différence avec les néo-chamanismes qui apparaissent actuellement dans le monde, y compris peutêtre en Sibérie, notamment en milieu urbain à Kyzyl, à Yakoutsk ou à Oulan-Oude.Le chamane agit au sein d'une communauté et, contrairement à une opinion répandue, il n'est pas toujours tout le temps son propre musiquant tout au long du rituel.J'ai ainsi pu assister en décembre 1992 à un rituel pratiqué par le chamane nganasan Djulsimjaku Demnimeevič Kosterkin, au cours duquel son oncle Boris Djuhodovič s'est emparé à plusieurs reprises de son tambour pour en jouer, alors que la femme de ce dernier en frappait le cadre de temps à autre avec une baguette et que l'assemblée participait vocalement (Lecomte 1993).De même, Alexandra Lavrillier (Lavrillier, Lecomte 2004) décrit un rituel célébré en 1997 par Savelij Vasilev, un chamane évenk, à la fin duquel les assistants revêtent ses habits et jouent du tambour pour l'aider à « tiédir » et à revenir dans le « monde du milieu ».

Referência(s)