Marcinho et Mauricinho
2002; Erudit Consortium; Volume: 25; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.7202/000258ar
ISSN1703-7921
Autores Tópico(s)African Sexualities and LGBTQ+ Issues
ResumoDans son article sur les sociétés post-traditionnelles, Giddens recommande l’instauration d’une « démocratie dialogique » pour remplir le vide laissé par la disparition des ordres moraux traditionnels. Dans cet article, je suggère qu’au Brésil, une démocratie dialogique factice, fondée sur l’inversion, a pour effet de réduire au silence la voix de nombreux acteurs sociaux impliqués dans le drame de la violence urbaine. On trouve dans les médias, mais aussi dans les débats politiques sur l’identité nationale, des récits publics définissant et fusionnant des valeurs traditionnellement opposées comme le bien et le mal, les riches et les pauvres, les bandits et les héros. Au Brésil se développe actuellement une fascination pour les bandits, redéfinis comme de nouveaux héros. Deux histoires tirées de la presse locale illustrent ce phénomène. La première raconte l’histoire de Mauricinho Botafogo, un bandit issu de la classe moyenne et l’autre, celle de Marcinho VP, un trafiquant de drogue et leader d’une favela (un bidonville) de Rio de Janeiro — Michael Jackson a dû lui demander la permission de tourner un vidéo-clip sur « sa » montagne. VP a aussi reçu une « subvention » de la part d’un membre d’une des plus riches familles de Rio de Janeiro pour écrire un livre sur sa vision du monde ; il s’y présente lui-même comme un Lampião moderne (le Robin des bois brésilien) et la victime d’une société inégalitaire. La fascination pour des bandits comme Marcinho et Mauricinho nourrit la banalisation et l’esthétisation croissantes de la violence, ainsi que l’indifférence à son égard.
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