La politique d’émigration de l’Estado Novo entre 1958 et 1974
2004; Issue: 9 Linguagem: Francês
10.4000/urmis.31
ISSN1773-021X
Autores Tópico(s)North African History and Literature
ResumoUne des principales maximes politiques d'António Oliveira Salazar illustre l'attitude ambiguë de l'État portugais face au mouvement migratoire se dirigeant vers la France entre 1958 et 1974 : « o que parece é », soit dans une version plus explicite : « politiquement, il n'existe que ce dont le public connaît l'existence » 1 .La politique d'émigration 2 de l'État portugais face aux départs de milliers de nationaux s'est jouée à un double niveau, dans une espèce de jeu de vitrine.D'une part, l'État portugais a mis en place une législation visant à restreindre fortement l'émigration légale.Mais, d'autre part, il a été impuissant -et cela volontairement -face à l'émigration clandestine.Cette impuissance est étonnante.L'Estado Novo, dictature dont la longévité atteste, en partie, de l'efficacité de sa police politique, la Policia internacional de defesa do Estado (PIDE) 3 , n'avait-il pas les moyens de boucler ses frontières et d'empêcher un tel nombre de départs illégaux ?Ce furent plus de 450 000 Portugais qui quittèrent clandestinement le Portugal vers la France en 16 années 4 .Autant dire qu'ils ne purent passer inaperçus.Marcelo Mathias, ambassadeur du Portugal à Paris, entrevoyant le phénomène à partir de la capitale française, ne prétendait-il pas -fort candidement peut-être -que pour endiguer les départs clandestins il suffisait de « promouvoir des sanctions pénales efficaces (peines de prison supérieures, confiscations de biens, interdictions d'exercer des fonctions publiques, etc.) contre les rabatteurs, et leurs complices, et l'affaire serait résolue en deux ou trois mois : l'organisation démantelée, il n'y a plus de clandestins car celui-ci ne peut-être un individu isolé qui, sans appuis en Espagne et en France, passe a salto notre frontière » 5 ?Or, ces actions a priori réalisables et à la portée d'une police capable de démanteler à plusieurs reprises le réseau du PCP, pourtant rompu à la clandestinité, à l'inverse des paysans désirant émigrer, n'ont jamais été exécutées.Ce constat laisse deviner le second niveau de la politique migratoire : l'acceptation, non officielle, de l'émigration vers la France.Et ce d'autant plus que, comme nous le verrons, l'État portugais a largement régularisé a posteriori les clandestins, signe in fine de l'acceptation de l'émigration.Acceptation non officielle, disions-nous, car le régime salazariste voulait se dédouaner de toute responsabilité La politique d'émigration de l 'Estado Novo entre 1958 et 1974
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