HET SACRAMENTALISME VAN HET DOOPSEL
1950; Taylor & Francis; Volume: 11; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1080/00062278.1950.10600754
ISSN1783-1377
Autores Tópico(s)Theology and Canon Law Studies
ResumoClick to increase image sizeClick to decrease image size SOMMAIRE Quelle que soit la manière dont les théories théologiques l'expliquent, le texte de Rom. VI, 2–11 nous prouve que pour saint Paul le baptême est essentiellement une assimilation au Christ mort et ressuscité, une consécration à la mort et à la résurrection du Christ. De cette consécration découle et l'effacement des péchés et la participation à la vie nouvelle. La grâce propre du baptême, selon saint Paul, n'est pas, nous semble-t-il, d'abord une grâce d'ablution, comme le symbolisme de l'eau le ferait croire, ni même d'abord une grâce de “renaissance”, comme le texte classique de Jean III parait le suggérer, mais primo et per se, une grâce d'assimilation, de conformation au Christ. Or, le baptême du Christ au Jourdain est, lui aussi, un acte solennel, rituel, par lequel le Christ est consacré à sa mort et à sa résurrection. D'après les Synoptiques, la voix consécratrice venant du ciel déclare: “Tu es mon fils bien aimé, en toi je me suis complu”, écho d'Isaïe XL, 1. De par la volonté du Père, le Christ est donc voué à la destinée du Serviteur Souffrant. Jean Baptiste n'ignorait pas que le Christ fut le Messie, mais il ignorait que ce Messie dȗt souffrir. C'est ce qu'il comprit au Baptême, et c'est pourquoi l'objet spécifique de son enseignement au sujet de Jésus est que celui-ci est “l'Agneau de Dieu”, également une allusion nette à Isaïe LUI, 7, aux mêmes Chants du Serviteur Souffrant. Jésus lui-même a eu conscience de ce lien entre le baptême et la mort et la résurrection. Déjà dans l'entretien avec Ni- codème, Jean III, 2–15, dans le discours même où il expose la nécessité du baptême il annonce sa Crucifixion et son Ascension. En son “exaltation” (cf. Jean VIII, 28 et XII, 32 et Num. XXI, 8) il “attirera tout à soi”, attraction réalisée lorsque par son baptême, le chrétien se trouve agrégé au “baptême” du Christ. De plus dans les deux seuls logia où, au cours de sa vie mortelle, il emploie le terme de βαπτíζεσθαι (Me X, 30 et Le XII, 50), ce terme signifie purement et simplement sa mort: “Pouvez-vous boire le calice que je boirai et être baptisé du baptême dont je serai baptisé”, “Je dois encore être baptisé d'un baptême et quelle angoisse en moi jusqu'à ce qu'il soit accompli”. La vie de Jésus se déroule comme un immense sacrement, entre un début qui est avant tout rite et symbole, et une fin qui est avant tout fait et effet, entre un sacrement-signe, qui inaugure et consacre et un sacrement-réalité, qui achève et qui consomme. Dans l'entre-deux tous les moments solennels de la vie du Christ, ceux où l'action du Père se manifeste sensiblement et comme rituellement, sont des moments sacramentaires au sens strict, c'est-à-dire signifiant et opérant efficacement la mort et la résurrection. Les anges, c'est-à-dire les porteurs visibles de la présence divine, qui interviennent à la tentation et à l'agonie, font de ces moments des moments rituels: de part et d'autre le Christ est fortifié dans sa destinée de Serviteur Souffrant; nous avons là une confirmation, ici une onction extrême. La Transfiguration est le rite complémentaire du Baptême et met “rituellement” en relief, en vertu d'une intervention divine, la consécration du Christ à la gloire, précisément au moment où sa carrière s'infléchit nettement en direction du Calvaire. Il n'a pas son équivalent exact dans les sacrements des fidèles, parce que ceux-ci ne sont pas, comme le Christ, voués à la gloire d'une résurrection prochaine, suivant de près la mort. La Cène est le dernier Sacrement-Signe, précédant immédiatement le seul Sacrement-Réalité: la Croix et la Résurrection. Comme la vie du Christ, la vie du chrétien est un sacrement-sacrifice de consommation, l'Eucharistie. De même que la Messe de Communion prolonge, détaille, reprend par participation la Cène, de même le baptême des chrétiens reprend, détaille et prolonge le baptême du Christ. D'un mot, le baptême des chrétiens est au baptême du Christ, ce que la Messe est à la Cène. Dans les deux sacrements, aussi bien chez le chrétien que chez le Christ, le rapport à la Croix et à la gloire est essentiel et spécifique. Et comme tous les sacrements participent à l'Eucharistie à laquelle ils sont ordonnés, et sont fondés sur le baptême, dont ils dérivent et qu'ils appliquent à tel état de vie ou à telle situation, tous les sacrements sont, mais chacun sous un angle particulier, consécration à la mort et à la résurrection. Tel est l'effet propre de tout sacrement. Et cet effet est dans le Christ aussi bien que dans le chrétien. Aussi peut-on dire que le Christ a reçu les sacrements et qu'en les recevant il les a institués. Il n'a pas reçu le mariage, mais il l'a sanctifié par sa présence, et le récit que fait saint Jean des Noces de Cana, montre que le Christ, lorsqu'il révéla sa gloire dans ce “signe”, avait présent à la pensée “son Heure”, c'est-à-dire l'heure de sa mort. Il ne pouvait recevoir la pénitence. Cet “effet” identique chez le Christ et chez le chrétien est pourtant autrement dans l'un et dans l'autre. Il est dans le Christ, comme chef, dans le chrétien, comme membre. Le Christ et le chrétien sont l'un et l'autre consacrés rituellement à la mort et à la résurrection, mais en vertu de cette mort, le Christ donne et le chrétien reçoit la grâce, pardon des péchés et vie nouvelle. Si la doctrine paulinienne du baptême est telle que nous l'avons décrite, si elle reprend la pensée même du Christ sur son baptême, il est clair, que malgré toutes les ressemblances formelles qu'on peut relever entre les mystères païens et le sacramentalisme chrétien, celui-ci ne dérive pas de ceux-là. L'originalité du sacramentalisme chrétien est absolue. Elle peut être établie historiquement. La morale chrétienne sera une morale du baptême, une morale sacramentaire, étroitement liée à la vie liturgique. La conduite du chrétien sera fondée sur sa condition de baptisé. Tout l'impératif de son devoir sera basé sur l'indicatif de son être. Ce sera une morale de patience et d'espérance, comme les sacrements sont des signes de souffrance et de joie. Toute la morale consistera pour le chrétien à devenir, par son action libre soutenue par la grâce, ce qu'il est en raison de sa consécration baptismale: membre du Christ mort et ressuscité. La liturgie le lui rappelle comme elle l'y conduit efficacement. “Nous portons toujours avec nous dans nos corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons nous sommes sans cesse livrés à la mort, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle” (2 Cor. IV, 8–11).
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