Essai sur le don
2002; Linguagem: Francês
10.1522/cla.mam.ess3
Autores Tópico(s)Social Sciences and Governance
ResumoPolices de caractères utilisée :Pour le texte: Times, 12 points.Pour les citations : Times 10 points.Pour les notes de bas de page : Times, 10 points.Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2001 pour Macintosh.Mise en page sur papier format LETTRE (US letter), 8.5'' x 11'') 1 Extrait de l'Année Sociologique, seconde série, 1923-1924, tome I. Épigraphe Retour à la table des matièresVoici quelques strophes de l'Havamál, l'un des vieux poèmes de l'Edda scandinave 1 .Elles peuvent servir d'épigraphe à ce travail, tant elles mettent directement le lecteur dans l'atmosphère d'idées et de faits où va se mouvoir notre démonstration 2 .39 Je n'ai jamais trouvé d'homme si généreux et si large à nourrir ses hôtes que « recevoir ne fût pas reçu », ni d'homme si... (l'adjectif manque) de son bien que recevoir en retour lui fût désagréable 3 .1 C'est M. Cassel qui nous a mis sur la voie de ce texte, Theory or Social Economy, vol.Il, p. 345.Les savants scandinaves sont familiers avec ce trait de leur antiquité nationale.2 M. Maurice Cahen a bien voulu faire pour nous cette traduction.3 La strophe est obscure, surtout parce que l'adjectif manque au vers 4, mais le sens est clair quand on supplée, comme on fait d'ordinaire, un mot qui veut dire libéral, dépensier.Le vers 3 est lui aussi difficile.M. Cassel traduit : « qui ne prenne pas ce qu'on lui offre ».La traduction de M. Cahen au contraire est littérale.« L'expression est ambiguë, nous écrit-il, les uns comprennent : « que recevoir ne lui fût pas agréable ». les autres interprètent : « que recevoir un cadeau ne comportât pas l'obligation de le rendre ».Je penche naturellement pour la seconde explication.» Malgré notre incompétence en vieux norrois, nous nous permettons une autre interprétation.L'expression correspond évidemment à un vieux centon qui devait être quelque chose comme « recevoir est reçu ».Ceci admis, le vers ferait allusion à cet état d'esprit dans lequel sont le visiteur et le visité.Chacun est supposé offrir son hospitalité ou ses présents comme s'ils devaient ne jamais lui être rendus.Cependant chacun accepte tout de même !es présents du visiteur ou les contre-prestations de l'hôte, parce qu'ils sont des biens et aussi un moyen de fortifier le contrat, dont ils sont partie intégrante.Il nous semble même que l'on peut démêler dans ces strophes une partie plus ancienne.La structure de toutes est la même, curieuse et claire.Dans chacune un centon juridique forme centre : « que recevoir ne soit pas reçu » (39), « ceux qui se rendent les cadeaux sont amis » (41), « rendre cadeaux pour cadeaux » (42), « il faut mêler ton âme à la sienne et échanger les cadeaux » (44), « l'avare a toujours peur des cadeaux » (48), « un cadeau donné attend toujours un cadeau en retour » (145), etc. C'est une véritable collection de dictons.Ce proverbe ou règle est entouré d'un commentaire qui le développe.Nous avons donc affaire ici non seulement à une très ancienne forme de droit, mais même à une très ancienne forme de littérature. 1 Je n'ai pas pu consulter BURCKHARD, Zum Begriff der Schenkung, p. 53 sq.Mais pour le droit anglo-saxon, le fait que nous allons mettre en lumière a été fort bien senti par POLLOCK and MAITLAND, History of English Law, tome II, p. 82 : « The wide word gift, which will cover sale, exchange, gage and lease.» Cf. ibid., p. 12; ibid., pp.212-214 : « Il n'y a pas de don gratuit qui tienne force de loi.» Voir aussi toute la dissertation de Neubecker, à propos de la dot germanique, Die Mitgift, 1909, p. 65 sq. 2 Les notes et tout ce qui n'est pas en gros caractères ne sont indispensables qu'aux spécialistes.
Referência(s)