Nusrat fateh ali khan: Le qawwali au risque de la modernité

1996; Volume: 9; Linguagem: Francês

10.2307/40240603

ISSN

2296-4177

Autores

Pierre-Alain Baud,

Tópico(s)

Music Education and Analysis

Resumo

La renommee planetaire du chanteur Nusrat Fateh Ali Khan permet desormais d’entendre son chant qawwali aux quatre coins du monde, que ce soit en concert, par la voie de ses innombrables enregistrements video, CD et K7, ou des musiques de film a succes qu’il compose et interprete.Ce faisant, il s’eloigne du cadre originel du qawwali, forme musicale chantee depuis le xiie siecle dans les sanctuaires soufis de l’Inde du Nord et du Pakistan. Dans ces mausolees, le sama’, ou concert spirituel se developpant autour du qawwali, est traditionnellement concu comme une opportunite permettant de guider le devot vers l’extase, experience vecue de la divinite dans une alliance d’amour mystique.La pratique seculiere de ce chanteur qawwal n’est neanmoins pas nouvelle, puisqu’outre les concerts prives proposes depuis tres longtemps par la plupart des musiciens de ce genre musical, le qawwali a ete erige depuis l’emergence du Pakistan independant en element distinctif de la culture nationale pakistanaise, et a ce titre fortement appuye par les appareils d’Etat comme Radio Pakistan.Devenu maintenant pour la diaspora pakistanaise un flambloyant symbole identitaire, enracine dans la tradition mais aussi projete dans – et reconnu par – la modernite occidentale, Nusrat Fateh Ali Khan s’est mue en fer de lance de la diffusion internationale d’un qawwali aujourd’hui happe par le tourbillon de la World Music, cette mouvance musicale globalisante de notre village planetaire.Face a l’essor accelere des echanges musicaux mondiaux, et au risque induit de nivellement sous banniere occidentale des multiples sensibilites musicales, il incarne avec faste les ambiguites d’une musique rituelle projetee dorenavant aupres des audiences modernes des cinq continents, nous renvoyant, mediateur inspire, a la nature et la qualite fondamentales de notre propre ecoute.

Referência(s)