Artigo Revisado por pares

L’église Notre-Dame des Dominicains à Louvain (1251-1276). Le mémorial d’Henri III, duc de Brabant, et d’Alix de Bourgogne

2009; FRENCH ARCHEOLOGY SOCIETY; Volume: 167; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.3406/bulmo.2009.7255

ISSN

2275-5039

Autores

Thomas Coomans, Anna Bergmans,

Tópico(s)

Medieval European History and Architecture

Resumo

L’église des Dominicains à Louvain (Leuven, Belgique), le plus ancien édifice gothique de la capitale du Brabant, fut bâtie dans le courant de la seconde moitié du XIIIe siècle comme église funéraire d’Henri III, duc de Brabant, et de son épouse Alix de Bourgogne. Grâce à l’appui de la famille ducale, les Dominicains (Frères Prêcheurs) réussirent à construire un monastère important dans le coeur de la ville, sur le site de l’ancienne résidence ducale. Comme la plupart des couvents dominicains, celui de Louvain comprenait une bibliothèque et un studium qui devint un studium generale suite à la fondation de l’université de Louvain en 1425. Après la suppression de la communauté en 1796, les bâtiments monastiques furent détruits et l’église utilisée comme église paroissiale. Désacralisée depuis peu, l’église est désormais utilisée par la ville pour des événements culturels. Le présent article retrace la fondation et l’installation des Dominicains à Louvain ainsi que les deux principales phases de construction de l’église (vers 1251-1276 et première moitié du XIVe siècle). Le parti architectural du choeur, une véritable châsse gothique, fait écho à la Sainte-Chapelle de Paris et a une signification funéraire et dynastique. Toutefois, l’église est conforme à l’esprit de l’architecture mendiante : simplification des remplages et des profils, murs non articulés, sculpture architectonique confinée aux clés de voûtes et aux culots, absence de tour. Malgré les transformations intérieures survenues au XVIIIe siècle, un des caractères les plus étonnants de l’édifice est le contraste entre la moitié orientale, pourvue d’une abside polygonale 7/ 12 et de voûtes d’ogives contrebutées par des arcs-boutants, et la partie occidentale, couverte d’un berceau en bois et éclairée par des ouvertures modestes. La datation livrée par l’analyse dendrochronologique de la moitié orientale de la charpente (1251-1265) s’accorde parfaitement avec la date du décès d’Henri III et de son inhumation dans le choeur, en construction en 1261, ainsi qu’avec la consécration de l’église par Albert le Grand en 1276. Les ducs de Brabant aménagèrent une chapelle dans la première travée du bas-côté septentrional, séparée du sanctuaire et du choeur des frères par un mur. Le tombeau d’Henri III et d’Alice († 1274) ne se trouvait pas dans la chapelle, mais était érigé contre le mur de séparation, du côté du choeur. Une peinture sur le mur de séparation et deux verrières dans la chapelle ducale commémoraient les fondateurs et leur famille. Grâce à plusieurs sources iconographiques et à des descriptions du début du XVIIe siècle, le présent article essaye de reconstituer la configuration et la signification de ces composantes qui ont malheureusement presque totalement disparu aux XVIIe et XVIIIe siècles. Le mausolée était une tombe dynastique qui, fondée sur des modèles français, visait à légitimer la maison de Brabant dans le duché ainsi que la succession des jeunes héritiers. Les deux verrières sont datables du dernier quart du XIIIe siècle. Elles glorifient les deux liens dynastiques avec la maison royale de France : Marie de Brabant, reine de France de 1274 à 1285, et Marguerite de France, duchesse de Brabant de 1270 à 1271. D’après les caractéristiques stylistiques et les costumes, la peinture murale est datable des années 1370-1380. La triple représentation des fondateurs et des membres de la famille ducale assurait la survie de leur memoria. En réunissant le passé, le présent et l’avenir, ce programme constituait une véritable «mise en scène de la mémoire » .

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