La chèvre ou la femme. Parentés de lait entre animaux et humains au Moyen Âge.
2011; Centre d´Histoire et Théorie des Arts; Issue: 9 Linguagem: Francês
10.4000/imagesrevues.1621
ISSN1778-3801
AutoresPierre-Olivier Dittmar, Chloé Maillet, Astrée Questiaux,
Tópico(s)Culinary Culture and Tourism
ResumoCet article initie une enquête sur la mise en images de l'allaitement inter-espèces au Moyen âge. Pensée comme une transmission d'humeurs et de caractères, la parenté de lait bénéficie à cette époque d'une valorisation très forte, et souvent mise en question à propos des pratiques de mise en nourrice. L'allaitement des enfants (humains) par des animaux permet donc de repenser à la fois la configuration des relations humain/animal, la définition de la filiation, et leurs possibles transgressions. Motif essentiellement hagiographique, et marque d'élection, l'allaitement par des bêtes sauvages est figuré comme une pratique déviante mais paradoxalement considérée positivement. Au contraire, les séquelles de la pratique de la mise en nourrice auprès des animaux domestiques est régulièrement dénoncée. Et les femmes allaitant les animaux se présentent souvent comme une justification de l'animalité inhérente à leur genre. Si les figures symboliques de Terra allaitant les animaux sont présentées jusqu'au xiie siècle comme des images positives de fertilité, à partir du xiiie siècle la proximité hommes/animaux par l'allaitement apparaît fortement transgressive. A partir du xive siècle, le goût pour les récits historiques et héroïques de l'Antiquité, associé aux images hagiographiques, fait apparaître l'enfant sauvage allaité par des bêtes comme un modèle de grandeur.
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