Ouvrir les camps, fermer les yeux
2006; Cambridge University Press; Volume: 61; Issue: 5 Linguagem: Francês
10.1017/s0395264900039925
ISSN1953-8146
Autores Tópico(s)Memory, Trauma, and Commemoration
ResumoRésumé Au moment même où il est devenu possible de commémorer en grande pompe la libération d’Auschwitz, la connaissance historique des camps se heurte encore à un problème de méthode: il demeure très difficile d’articuler la lisibilité de l’histoire à la visibilité des documents, photographiques ou cinématographiques, qui témoignent de cette période, depuis juillet 1944 (l’ouverture de Majdanek par l’armée soviétique, filmée par Roman Karmen) jusqu’en mai 1945 (l’ouverture de Falkenau par l’armée américaine, filmée par Samuel Fuller). Les exigences théoriques formulées par Walter Benjamin à l’endroit de la connaissance historique permettent cependant de mieux articuler le constat au récit, l’état des lieux à l’« état du temps », l’image à sa « légende ». Le film réalisé par Samuel Fuller à Falkenau, puis recontextualisé par Emil Weiss en 1988 nous montre exemplairement comment des images de l’horreur peuvent être rendues à une certaine condition – esthétique, éthique – de lisibilité, afin que soit reconnue avec dignité de quelle indignité les hommes sont capables. Façon de montrer à l’œuvre une très ancienne coalescence de l’ imago avec la dignitas civile. « Brève leçon d’humanité en vingt et une minutes» d’images tremblantes, comme disait l’auteur même de ces images.
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