Évolution des transferts intergénérationnels : vers un modèle européen ?
2010; Volume: n° 58; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.3917/rs.058.0011
ISSN1961-8719
AutoresClaudine Attias‐Donfut, Jim Ogg,
Tópico(s)Migration, Aging, and Tourism Studies
ResumoLes recherches sur les transferts intergénérationnels montrent que les flux desolidarité sont en perpétuel changement, suivant l’évolution des parcours de vie dechaque génération, traversant des périodes et des circonstances où l‘on reçoitdavantage, et d’autres où l’on donne plus. On manquait jusqu’à présent de donnéesdisponibles pour mesurer l’évolution de ces échanges, mais l’enquête Sharepermettra à la fois la comparaison internationale et le suivi au cours du temps. Dans cet article, nous mettons en évidence des modèles généraux des transfertsintergénérationnels en Europe, d’une vague d’enquêtes à l’autre. Les événementssurvenus entre les deux vagues et leurs éventuels impacts sur les pratiques desolidarité des personnes interrogées et de leur entourage sont analysés, ainsi queles interactions entre les aides informelles et les aides professionnelles reçues,observées dans leurs éventuelles modifications au cours du temps. Les résultats montrent que les solidarités familiales ont la capacité de s’adapter auxdifférents événements de la vie. Le passage à la retraite ne semble pas y apporterdes modifications substantielles. Le suivi des aides en temps a fait apparaître uneinfluence légère, mais plutôt positive. Le temps consacré à prendre soin d’une mèreâgée ayant des difficultés de santé, s’accroît pour une bonne partie de ceux et cellesqui ont cessé leur activité professionnelle au cours de cette période. Les aidesfinancières ne diminuent pas à la suite du passage à la retraite, elles ont mêmetendance à augmenter légèrement, peut-être en raison des indemnités reçues parles salariés à l’occasion de leur départ. Le retrait de l’activité professionnelle nes’accompagne pas du retrait des aides économiques au sein de la parentèle. Onobserve en effet que les dons financiers se poursuivent au cours du vieillissement etne diminuent qu’au grand âge. Ces conclusions sur l’évolution des solidarités familiales mettent en évidencel’importance de bénéficier de pensions de retraite décentes pour continuer àcontribuer aux cycles d’échanges intergénérationnels et intrafamiliaux. Le passagedu temps s’accompagne inéluctablement d’une détérioration de l’état de santéde cette population, évidente même sur une courte durée. Ceci apparaît clairementdans la comparaison entre les deux passages. Le recours à des aidesprofessionnelles ne s’accroît pas pour autant. L’analyse des évolutions conjointesdes aides professionnelles ou publiques et des aides familiales montre qu’il n’y aguère de substitution entre ces deux formes d’aides. Plusieurs indices suggèrentau contraire leur complémentarité. Le fait de recevoir une aide professionnelle envague 2, alors qu’on n’en recevait pas en vague 1, ne diminue pas la fréquenced’aide de la famille. Inversement, ceux qui recevaient auparavant une aideprofessionnelle, mais ne la reçoivent plus, n’ont pas pour autant vu l’aide de lafamille augmenter. Le fait que le critère déterminant de l’entraide familiale reste lebesoin manifesté par un membre de la famille illustre la capacité des solidaritésfamiliales à s’adapter aux différents événements de la vie, la famille jouant un rôled’assurance en cas de besoin. En ce sens, la famille peut difficilement se substituerà l’aide professionnelle, ou même être remplacée par cette dernière ; toutes deuxrestent complémentaires dans le soutien à apporter. Les comparaisons intra-européennes confirment l’existence d’importantesconvergences entre les pays, malgré la persistance d’un axe nord/sud, présentantnéanmoins des nuances et des exceptions. Ces résultats remettent en question lapertinence de la typologie largement utilisée des États-providence (inspirée deEsping-Andersen), pour comprendre la diversité européenne des transfertsintrafamiliaux.
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