La vie d'Évariste Galois
1896; Société Mathématique de France; Volume: 13; Linguagem: Francês
10.24033/asens.427
ISSN1873-2151
Autores Tópico(s)Philosophical and Theoretical Analysis
ResumoLes premiers éléments de celle élude oïlt élé réunis depuis longtemps au.cours de recherches relatives à l'histoire de l'École Normale.Je m^étais proposé l'année dernière de les utiliser en rédigeant une courte biographie comme annexe a l'élude purement scientifique que AI.Sophus Lie a écrite sur Gaiois, dans.leL'ivre du centenaire de l'École Normale.Le temps m'a fait défaut, moins pour écrire que |»our compléter les recherches qui me semblaient indispensables.Peut-être ne les aurais-je pas reprises de si tôt, si la Société Malhernal'u/ue n'avait pas annoncé une édition dos <x';nvrcs de Gaiois jusqu'ici dispersées dans les divers recueils scientifiques où elles ont paru, ou réunies dans les Annales de Liowille, que les mathématiciens n'ont pas toujours facilement a leur disposition.L'occasion m'a paru bonne pour achever mon enquête que j'ai poussée dans toutesles directions, en cherchant à pénétrer la personne de Gaiois le plus intimement possible, et à l'éclairer aussi du dehors par une connaissance exacte du temps et des circonstances particulières où il a vécu.J'avais d'abordé ma disposition un certain nombre de notes, 1res intéressantes assurément» mais fort incomplètes aussi, publiées sur Galob dans difïerents recueils, et qui ont fourni jusqu'à présent les éléments des articles parus dans les dictionnaires biographiques ou encyclopédiques.La plus ancienne et la principale est celle que son camarade d'école 1 et ami, Auguste Chevalier, inséra en novembre }S3ï dans la -Re^ue encyclopédique d'Hyppolyte Carnet et Pierre Leroux.La Note est précédée d'un avant-propos où je crois bien reconnaître la 200 P. DUPUY.un intérêt d'histoire s'ajoutait ainsi pour moi à un intérêt de biographie.Mon souhait essentiel est de substituer un portrait exact de cet illustre mathématicien aux vagues croquis que l'on en possédait; mais j'avoue que ce serait aussi pour moi une vive satisfaction, si l'on jugeait qu'en racontant la vie de Galois l'ai pu éclairer d'un jour curieux quelques coins de la Révolution de î83'o, et des années si troublées et si vivantes entre lesquelles elle s^'insëre. :! , ! ' L ^ .'Évariste Galois est né de a5.octobre 181.1, au Bourq-la-Reine, dans une maison qui porte aujourd'hui le n° 20 de la Grand'Rue.Avant d'être peinte en vert et en saumon et de s'appeler pour le Parisien Villa de Bourg-là-'Reine, cette maison était naguère encore une institution déjeunes gens, dontl'origine remontait au, delà de la Révolution.Elle avait eu alors pour propriétaire le grand-père d'Evariste.Loin de souffrir de la Révolution, le grànd-pere Galois lui, avait dû au.contraire la prospérité de.son 'pensionnat : le Rourg-la-Reine, devenu le Bôurgl'Egalité, jouissait d'un calme relatif à petite distance de Paris; la plupart des collèges ou des autres pensionnats, tenus presque tous par des prêtres, avaient disparu ou étaient devenus suspects : c'étaient autant de circonstances favorables dont l'institulion Galois avait profilé; elle avait dû aussi -une part de son succès aux sentiments ardents avec lesquels la famille Galois s'était ralliée d'abord à là Révolution, puis à l'ordre,de choses (plertétait issu.Pendant que son fils aîné, officier dans la garde impériale," se battait un peu partout en Europe, M. Galois avait cédé sa pension,à son cadet Nicolas-Gabriel, et celui-ci, lorsque naquit Évariste^ était devenu depuis un an un véritable fonctionnaire, le chef d'une institution de l'Université impériale., Nicolas-Gabriel Galois avait, alors trente-six, ans; c'était bien un homme du dix-huitième siècle, aimable et spirituel,'habile à rimer des couplets ou à tourner des comédies/de salon; iLétait en même temps profondément pénétré de philoaoçhi'e.Il avait vu avec joie la chuta de la royauté et, 1 même 1 au, déclin deTeropire, il .aurait-encore'préférés LA VIE Ï) ÉVAÏUSTE GALOIS. 201tout au retour de l'ancien régime.La première restauration fit de lui le chef du parti libéral au Bourg-la-Reine.Pendant les Cent jours, le vote de l'assemblée primaire lui confia la mairie du village.Apres Waterloo, il aurait dû rendre la place à son prédécesseur; mais celuici, dans l'intervalle, avait été disqualifié par de mauvaises affaires et venait de quilter le pays : M'.Galois profita de l'embarras du préfet pour lui demander d'être confirmé ou remplacé, et, faute d'autre candidat, il fallut le renommer officiellement à la fonction qu'il n'avaitpas cessé d'exercer(*).Il devait la conserver jusqu'à sa mort, scrupuleux observateur, sans aucun doute, du serment de fidélité qu'il avait prêté au roi, mais assez fort de l'appui de ses administrés pour résister très fermement à l'omnipotence du curé, II avait épousé sous l'empire une jeune fille, Adélaïde-Marie Déniante, dont la famille, bien connue à la Faculté de droit de Paris, habitait le Bour^-la-Reine, presque en face de la maison, Galois.Là aussi, dans une aisance modeste, se conservaient depuis longtemps des traditions de culture intellectuelle dont Évariste Galois devait recueillir l'héritage des son enfance.Son grand-père maternel, Thomas-François Demante, était docteur abrégé à la Faculté de droit de l'ancienne université de Paris; l'empire en avait fait un magistrat et, lorsque naquit Hvariste, il présidait le tribunal dtô Louviers.C'était un latiniste passionné d'ancien régime ; lui-même, il avait rompu tous ses enfants, filles et garçon, aux exercices de la vieille éducation classique; il leur avait en rnêo'iû temps donné une solide instruction religieuse; mais sur sa 1 fille Adélaïde-Marie l'empreinte de l'antiquité avait été la plus forte.A travers la monotonie apparente des 'traductions quotidiennes du Conçûmes,,\w leçons sans cesse renouvelées du stoïcisme romain avaient pénétré jusqu'au fond l'âme de la jeune fille et lui.avaient donné une trempe virile; non qu'elle eût cessé d'être chrétienne; elle fit au contraire toute sa vie profession de l'être, mais sans aucune nuance de dévotion féminine, rapprochant des textes sacrés ceux de Cicéron et de Sénèque et réduisant presque,la religion au rôle d'enveloppe des principes de la morale.Avec cela une imagi-( 1 ) Archives do la Sôîno*
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