Martine Sonnet et le Montparnasse monde : « un petit écosystème dans la symbiose générale »
2015; Laval University; Volume: 45; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.7202/1028978ar
ISSN1708-9069
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoLa gare Montparnasse est emblématique d’une certaine conception de l’urbanisme parisien et de l’évolution de ses principes depuis les années 1960 : brouillage des frontières entre centre et périphérie ; nouveaux modes de transit et démocratisation du tourisme ; gestion ergonomique des espaces en trajets standardisés, dont le fléchage guide des foules aveugles d’individus indifférents et indifférenciés. Pendant quelques années, Martine Sonnet « lit » la gare, lui cherche des significations et interroge la possibilité d’« habiter » ce non-lieu. En résulte un projet multimédia : sur son blogue, elle collecte images et courts vidéos de la vie quotidienne dans l’univers ferroviaire. Dans son récit, paru en 2011, elle rassemble ses observations et ses souvenirs. Le style télégraphique de sa prose entérine la disparition du sujet au profit d’un usager anonyme et désincarné. Pour autant, sa description du « Montparnasse monde » laisse progressivement place à des îlots de narration de plus en plus nombreux, et donne à voir des aventures, accidents et accrocs de vie réelle que la normalisation voulue par les principes d’urbanisation moderne n’est pas parvenue à éradiquer tout à fait. Ce qui se donne au premier abord comme un univers déshumanisé, en camaïeux de gris et entrecroisements d’escaliers mécaniques, apparaît progressivement comme un écosystème que le vécu personnel, la mémoire familiale et l’histoire sociale ne cessent de colorer. La chose n’est pas banale pour qui fréquente régulièrement la gare Montparnasse : par la description très personnelle qu’elle en fait, Martine Sonnet parvient à élaborer une image de la gare qui traduit sa profonde « empathie pour le Montparnasse monde », et par-delà, pour le Paris du début du XXI e siècle.
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