Artigo Acesso aberto

Philologie de la civilisation japonaise

2014; Volume: 113; Linguagem: Francês

10.4000/annuaire-cdf.2543

ISSN

2109-9227

Autores

Jean-Noël Robert,

Tópico(s)

Japanese History and Culture

Resumo

COURS : LES POÈMES MÉDIÉVAUX SUR LES DIEUX aIl s'est agi cette année encore d'illustrer dans le cours ce que l'on entend par « philologie » de la civilisation japonaise et comment s'est manifesté dans l'archipel cet « amour de la langue » ou « du discours » dont nous avons fait le fil conducteur de notre enquête.À partir des environs de l'an 400 de notre ère, avec la venue des premiers lettrés du royaume coréen de Paekche 百濟 (Kudara), une grande partie de l'histoire de la culture et de la langue japonaises est celle du processus selon lequel la culture continentale, sino-coréenne et ultimement chinoise, s'implante dans l'archipel en développant des traits qui peu à peu forment une civilisation que l'on puisse considérer distincte.Que cette originalité soit véritable ou supposée, l'important pour notre propos est qu'elle ait été perçue comme telle par les Japonais.À la différence des autres grandes langues de l'Asie sinisée, du coréen et du vietnamien, où ne semble pas s'être instaurée à date ancienne une vision valorisante de la langue vernaculaire, l'attribution dès les sources japonaises les plus anciennes de la création du premier poème japonais à une divinité autochtone, Susanoo no mikoto, avait à la fois garanti l'autonomie de la langue et de la forme littéraire qui en était l'expression fondamentale, la poésie (歌uta / 和歌waka), face à la vague continue de l'apport chinois.Du point de vue des lettrés qui contribuèrent à cette élaboration consciente, la grande difficulté à résoudre était l'asymétrie des deux traditions que l'on entendait mettre au même niveau de prestige culturel.La seconde moitié du VIIIe siècle voit l'apparition, après les deux grands ouvrages historiques du début du siècle, d'une anthologie poétique d'importance, le Man.yô-shû 萬葉集 ou « Recueil des myriades de feuilles » (vers 759), qui regroupe environ quatre mille cinq cents poèmes, l'immense majorité appartenant à la forme classique du waka, le tanka 短歌 de trente-et-une syllabes.Pratiquement à la même époque, en 751, était compilée la première anthologie de poèmes rédigés en chinois classique (les kanshi 漢詩, par opposition aux waka) par des lettrés japonais, le Kaifû-sô 懐風藻 ou « Poèmes du

Referência(s)