Histoire, géographie, démographie
1955; Presses Universitaires de Rennes; Volume: 7; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3406/noroi.1955.1087
ISSN1760-8546
Autores Resumopar Lucien GACHON RÉSUMÉ L'opinion, en France, a particulièrement besoin, encore, d'être purgée des fausses théories malthusiennes qui veulent que richesse et population varient en sens inverse, ou à tout le moins que la richesse ne puisse s'accroître parallèlement à la. population. « II n'est d'hommes que de richesses », assurait le physiocrate Quesnay au XVIIIe siècle. Mais trois siècles plus tôt, accordé avec le sentiment chrétien de la vie, de même qu'avec la saine raison, Bodin avait dit : « II n'est de richesse que d'hommes. » Ce qu'assure, en effet, le vieux dire populaire : le cœur d'un homme vaut tout l'or d'un pays. Aux fallacieuses théories malthusiennes, le dernier ouvrage du démographe français le plus eminent, Alfred Sauvy : Théorie générale de la population, volume I : Economie et population, 1952 ; volume II : Biologie sociale, 1954, apporte une péremptoire réfutation de droit et de fait. Grâce aux mesures chiffrées et confrontées des faits démographiques et des faits économiques, nous voilà sortis de débats scolastiques également stérilisants pour l'esprit et pour la vie. Il est de fait, et le fait est heureux, que l'humanité augmente ses effectifs en même temps que ses pouvoirs.. La vie a besoin de combats pour son exaltation. Et toute la question n'est plus que de savoir quels sont les combats bénéfiques et quels sont les combats maléfiques à l'humanité ; quels sont les progrès processifs pour la paix universelle et quels sont les progrès récessifs qui conduisent à la surexcitation belliqueuse. Désormais, pour le géographe, comme pour le démographe, l'historien, le philosophe, il est des jugements qui ont valeur de postulats : le trop fort gradient de population entre la France et les autres pays de l'Occident européen est lourd de violentes menaces comme l'est le nuage de grêle du cyclone ; il est néfaste à la santé de la France que les déséquilibres d'hommes et de richesses entre ses départements urbains et ruraux, et entre ceux-ci seulement, aillent en s'accusant — et plus que jamais depuis l'avant-dernier recensement de 1946 — au lieu de se réduire ; il est particulièrement mauvais pour la biologie française qu'après avoir dévasté par la centralisation étatique les pépinières humaines du Massif Central, l'État français devenu, comme tout État moderne, État Léviathan, à la nécessité et à l'avantage des citadins, au désavantage des ruraux, ne s'emploie pas à leur reconstitution, mais fasse au contraire que leur dévastation se poursuive. Valables pour la France, ces postulats le sont dans le plan universel. Les chemins de la paix passent par ceux des égalisations démographiques et économiques, des progrès conjoints et synchronisés. Ce qui ne veut pas dire toutefois, que les inégalités naturelles puissent être nivelées, l'Asie Sibérienne autant humanisée que l'Asie des Moussons. Aujourd'hui, l'homme peut beaucoup. Incomparablement plus que hier. Il ne peut pas tout. Il demeure exposé au mal qui est en lui, si le bien qui est aussi en lui reste son meilleur espoir.
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