Entre Badegoulien et Magdalénien, nos cœurs balancent... Approche critique des industries lithiques du Sud de la France et du Nord-Est espagnol entre 19000 et 16500 BP
2007; French Prehistoric Society; Volume: 104; Issue: 4 Linguagem: Francês
10.3406/bspf.2007.13622
ISSN2419-6568
AutoresSylvain Ducasse, Mathieu Langlais,
Tópico(s)Archaeology and ancient environmental studies
ResumoLa polymorphie des assemblages post-solutréens s’est traduite, à l’échelle de l’Ouest européen, par une grande diversité des termes employés par les préhistoriens lors de leurs tentatives de sériations chronologiques des différentes identités reconnues entre 19000 et 16500 BP. Qu’il s’agisse de Magdalénien ancien, archaïque, initial, inférieur ou de Badegoulien, cette pluralité nominale, souvent liée à une approche régionaliste du phénomène, montre bien à quel point ces industries s’accommodent mal des cadres préétablis. En France, la scission proposée entre Badegoulien et Magdalénien, en même temps qu’elle mena à la création d’une nouvelle «culture» préhistorique, poussa les chercheurs à repenser la structuration chronologique de la fin du Pléniglaciaire. Il fallut d’une part appréhender le Badegoulien comme une entité autonome (y reconnaître une «naissance», une «maturité» puis un «déclin») et, de l’autre, rendre au Magdalénien, alors en partie tronqué, une véritable phase ancienne. Enfants de ces débats, les recherches actuelles menées sur les identités badegoulienne et magdalénienne restent aujourd’hui marquées par cet héritage terminologique. Les analyses technologiques sont venues, depuis un certain nombre d’années, appuyer ce choix d’une séparation entre Badegoulien et Magdalénien en permettant la mise en évidence de caractères discriminants. Bien que cette culture badegoulienne soit apparue si différente du Magdalénien classique, l’idée d’un passage progressif des dernières industries badegouliennes vers celui-ci a pu être évoquée à plusieurs reprises lors de la découverte d’assemblages originaux aux caractères mixtes (association raclettes/ lamelles à dos). Ceux-ci, notamment présents en France méridionale, côtoient des industries désormais attribuées au Magdalénien inférieur, faciès défini depuis quelques dizaines d’années dans les Cantabres. Entre derniers représentants de la culture badegoulienne et premières manifestations de l’entité magdalénienne, comment aborder la question de ces industries de «transition»? Les recherches récentes sur des gisements stratifiés dont les contextes taphonomiques sont globalement maîtrisés (le Cuzoul de Vers, Gandil) permettent d’établir une sorte d’état des lieux des «normes techniques» lithiques du Badegoulien et du Magdalénien inférieur et amènent, par-là même, à s’interroger sur la nature des gisements combinant des éléments appartenant à chacune de ces entités.
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