Périostite tibiale chronique : une présentation inhabituelle d’infection à Proprionibacterium acnes
2014; Elsevier BV; Volume: 35; Linguagem: Francês
10.1016/j.revmed.2014.10.204
ISSN1768-3122
AutoresCarole Eldin, N. Sautereau, M. Ebbo, E. Bernit, A. Rochewerger, Christophe Chagnaud, Jean‐Robert Harlé, N. Schleinitz,
Tópico(s)Hematological disorders and diagnostics
ResumoProprionibacterium acnes est un germe saprophyte de la peau principalement impliqué dans des infections ostéo-articulaires chroniques de matériel ou de site opératoire. Nous décrivons un cas inhabituel d’infection osseuse à ce germe chez un patient immmunocompétent, sans antécédent chirurgical. Il s’agit d’un patient de 65 ans se présentant dans notre service pour un aspect de grosse jambe gauche douloureuse évoluant depuis 2 ans. La douleur, d’horaire inflammatoire, a débuté suite à un traumatisme minime de la face antérieure de jambe contre une barre de fer sans brèche cutanée visible. Huit mois après ce traumatisme, devant la persistance des douleurs, une scintigraphie osseuse avait été réalisée montrant un aspect évocateur d’hématome avec probable lésion tibiale. À l’examen dans le service, le patient présente un mollet gauche augmenté de volume, chaud, sans fièvre. Le bilan biologique montre un syndrome inflammatoire modéré (CRP à 12), sans hyperleucocytose. Le bilan auto-immun et infectieux est négatif. Une IRM de jambe montre un aspect de périostite antéromédiale du tibia d’allure évolutive, avec anomalies de signal au sein du muscle long fléchisseur des orteils, des muscles fibulaires et du muscle long extenseur des orteils. Une biopsie chirurgicale est réalisée. L’examen anatomopathologique retrouve un tissu osseux et musculaire inflammatoire, sans cellule tumorale. Deux prélèvements sont positifs en culture à P. acnes. Devant l’absence d’autre hypothèse diagnostique, un traitement antibiotique d’épreuve est débuté par amoxicilline 6 g par jour pendant 3 mois. À 2 mois de la fin du traitement les douleurs ont régressé, la jambe a diminué de volume et une IRM de contrôle montre une disparition des anomalies de signal musculaire, et une stabilité des atteintes périostées. P. acnes est un pathogène émergent rapporté de manière croissante dans les infections postopératoires principalement au niveau membre supérieur (épaule) et du rachis. La différenciation entre infection et colonisation repose sur l’isolement du germe en culture sur 2 prélèvements au moins, ce qui est le cas pour notre patient. Le tableau clinique et le plus souvent torpide, sans signes inflammatoires systémiques francs. Il existe un seul cas dans la littérature d’ostéomyélite tibiale chronique, chez un patient drépanocytaire. Chez notre patient on peut émettre l’hypothèse d’une brèche cutanée passée inaperçue au moment du traumatisme, ayant permis la translocation de ce germe vers les parties molles, le muscle et le périoste. Les internistes doivent savoir évoquer une infection à P. acnes devant un tableau de périostite ou myosite localisée chronique.
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