La construction sociale du risque et de la sécurité : une question de gouvernance
2013; Taylor & Francis; Volume: 36; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1080/07053436.2013.805566
ISSN1705-0154
Autores Tópico(s)French Urban and Social Studies
ResumoAbstract Les manifestations festives sont en train de changer les structures institutionnelles et les modes de pouvoir au sein des villes. Elles nécessitent toutes les attentions. Elles sont porteuses d'enjeux liés à la sécurité aussi divers qu'une simple insolation, des voies de faits, des vols, des dégradations de biens, des problèmes de pollution de l'environnement, des menaces terroristes. Elles motivent, du même coup, des modes de gestion et d'organisation adaptés, ainsi que des formes de négociations et de partenariats spécifiques à chaque contexte et à chaque environnement. L'objectif est ainsi, de tenter de découvrir comment une organisation se constitue et se transforme à partir d'acteurs publics et privés dans un système de gouvernance pour répondre à ces nouvelles exigences sociétales. Partant d'études de cas concrets, nous avons cherché à construire une typologie des modes de gouvernance et de négociations de ce partenariat. Comprendre les logiques de réponses mises en œuvre et l'implication de l'évaluation des risques perçus par les acteurs nous donneraient des pistes de réflexion sur la manière dont se construit l'espace social. Nous cherchons à définir plus précisément ces modes de partenariat et de gestion, et les raisons qui sous-tendent ces modes de contrôle et de répartition des pouvoirs entre acteurs privés et publics. Festive demonstrations are changing the institutional structures and the distribution of power in cities. They raise health-related and security concerns ranging from sunstroke to common assault, theft, damage to property, environmental pollution and terrorist threats. They require everyone's attention. At the same time, they motivate new ways of governing and organizing society. They also foster the development of negotiating skills and partnerships which are specific to each context and environment. We aim at discovering how public institutions emerge and evolve depending on the public and private players concerned in a system of governance, in order to find out how they respond to these new societal demands. Starting from concrete cases, we seek to define a typology for governing and negotiating methods. Understanding the underlying logic for these responses, as well as the implications of risk assessment as perceived by these players, would provide some guidelines for reflection on the way social environments are constructed. We seek to define more precisely these means of partnership and management, as well as the rationale underlying the control mechanisms and the distribution of power among private and public players. Mots clés: risquesécuritégouvernancerégulation et contrôle socialinteractionnisme symboliqueKeywords: risksecuritygovernancesocial control and regulationsymbolic interactionism Remerciements Tous mes remerciements vont à Philippe Robert (Directeur de Recherches émérite au CNRS-GERN, Guyancourt, France) et à Jean-François Cauchie (professeur adjoint, Université d'Ottawa, Canada) pour leurs commentaires indispensables, et à Bessie Leconte (CNRS-GERN, Guyancourt, France) pour sa lecture attentive de la forme. Notes 1. Padioleau (Citation1986, p. 23). 2. Mandon (Citation1990, pp. 147-174). 3. L'espace festif sera ici entendu comme une manifestation d'événements ludiques à caractère public, sportif ou culturel, ayant lieu dans des espaces privés ou privatisés pour l'occasion (en très grande majorité, plus rarement dans la rue). 4. Van Campenhoudt, Chaumont, et Franssen (Citation2005, p. 13). 5. Garfinkel (Citation2007, [1967]). 6. L'ordre sera entendu comme une manifestation organisée de contraintes plus ou moins acceptées et légitimées qui permet de réguler un espace. Nous confronterons spécifiquement alors ce moment avec les transformations qui sont opérées pour en assurer son contrôle. 7. Cette tendance a notamment été discutée autour d'un ouvrage collectif codirigé par Shapland et Van Outrive (Citation1999). Pour une perspective plus récente, on se reportera à Ocqueteau (Citation2004). 8. On examinera la notion de sécurité en se préoccupant des pratiques et des techniques de sécurisation, des rôles des différents acteurs privés et publics et de leurs interactions. Sur les différentes analyses de la sécurité, Ceyhan (Citation1998). 9. Pour une approche plus approfondie du transfert de responsabilités des questions de sécurité entre acteurs publics et privés, Robert (Citation1999, pp. 23-55). Pour une approche spécifique des manifestations sportives et culturelles, Diaz (Citation2003, pp. 429-433); Diaz (Citation2009). 10. Ocqueteau (Citation1997, p. 9) constate que « pour la première fois de l'histoire contemporaine en 1990, le montant des dépenses privées pour se protéger a dépassé celui des dépenses allouées par les pouvoirs publics en matière de prévention et de répression des délinquances ». Depuis cette année, ce phénomène n'a fait que s'amplifier tant en Europe qu'en Amérique du Nord. 11. Cette même perspective de répartition des missions et des responsabilités entre acteurs privés et publics dans l'organisation de manifestations festives est adoptée dans la plupart des pays industrialisés d'Europe et d'Amérique du Nord. 12. On constate ce même phénomène en Europe dans les pays qui ont organisé des grandes manifestations sportives à l'image de l'Euro 96 en Angleterre, l'Euro 2000 en Belgique et aux Pays-Bas, les Jeux Olympiques d'Athènes en 2004, la Coupe du monde de soccer 2006 en Allemagne, les Jeux Olympiques de Londres en 2012. Ce même constat peut être fait au Canada, avec par exemple, les mondiaux de natation à Montréal en 2005, ou les Jeux Olympiques d'hiver de Vancouver en 2010. 13. C'est notamment le cas pour le soccer en Europe. 14. Ocqueteau (Citation2000, p. 100). 15. Comeron (Citation1997) assimile ces violences à des crises urbaines classiques avec trois caractéristiques principales : (i) un moment de crise bien délimité dans le temps : la rencontre de soccer;(ii) un lieu de crise permanent et localisable dans l'espace urbain : le stade;(iii) des acteurs de crise : les supporters. 16. Shapland et Van Outrive (Citation1999). 17. Robert (Citation1999, pp. 155-156). 18. Bourdieu (Citation1978, p. 68) « On ne peut nier la contradiction pratique : chacun sait combien il est difficile d'être à la fois pris dans le jeu et de l'observer ». 19. Quéré (Citation2007, p. 319). 20. Berger et Luckmann (Citation2003, [1986]). 21. Van Campenhoudt (Citation2007, p. 76). 22. Kalifa (Citation2005, p. 10). 23. Malewska-Peyre et Tap (Citation1991, p. 8). 24. Du grec anomos « dépourvu de règle, de norme ou de loi ». Double sens : pour Durkheim l'anomie est liée à une absence ou une insuffisance de règles sociales dans une communauté. Plus tard, notamment avec Merton, elle est liée, pour l'individu, à une insuffisante réglementation sociale des aspirations individuelles provoquant une frustration (Ansart, Citation1999a, p. 27). Nous nous attacherons à définir ce concept dont les interprétations sont multiples, à travers celle qu'en a proposé en premier Durkheim (1893 et 1897) et l'idée que l'anomie « a pour origine l'insuffisance des contacts entre les rôles sociaux. Elle est conçue comme un mal de l'infini procédant de l'illimitation du désir humain et de l'indétermination des objectifs à atteindre. Elle est caractéristique du système de valeurs, des institutions et du fonctionnement des sociétés industrielles modernes » (Besnard, Citation1998, p. 9). 25. Ce sont les universitaires James Wilson et Georges Kelling, en Citation1982, dans la revue The Atlantic Monthly qui définirent les premiers cette théorie sous ce nom reprenant un terme utilisé en 1973 pour une loi au New Jersey. 26. Certains auteurs n'hésitent pas à dénoncer ce nouveau « sens commun punitif » élaboré en Amérique, d'une « criminalisation de la misère, d'une machine à punir », Wacquant (Citation1999); Bonelli et Sainati (Citation2000). 27. Le hooligan est un spectateur amateur d'un sport qui utilise la violence comme moyen de pression pour peser sur le résultat d'une rencontre. Nous le retrouvons surtout dans le soccer, mais il peut également se manifester dans le basket-ball notamment. 28. Le 27 août 1993, à Boulogne, lors de la rencontre de soccer Paris-Saint-Germain/Caen, à l'intérieur du Parc des Princes. 29. Weber (Citation1965) et Freund (Citation1966). 30. Weber (Citation1965, [1951], p. 185). 31. La cohésion sociale fait ici référence à un ensemble dont les parties seraient liées les unes aux autres et orientées vers un but commun. 32. Bajoit (Citation2003, p. 19). 33. Ibid., 20-21. 34. Bajoit (Citation1992). 35. Ce rapport de domination pourrait également être étudié dans le rapport entre les institutionnels et les groupes potentiellement à risque : hooligans ou terroristes notamment. 36. Shelling (Citation1986). 37. Mann (Citation2005, p. 119). 38. Ibid., 126. 39. Bourricaud (Citation1961, p. 319). 40. Rivière (Citation1999, p. 224). 41. Ansart (Citation1999b, p. 376). 42. La sécurité était considérée comme la dernière roue du carrosse. 43. Plus subtilement, François Dieu, définit ainsi l'ordre, « comme une forme de désordre acceptable » (Citation2007, p. 612).
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