Marché foncier et systèmes de production agricoles au XIXe siècle: le cas du département de Brescia (Lombardie orientale)
2008; Taylor & Francis; Volume: 15; Issue: 5 Linguagem: Francês
10.1080/13507480802370150
ISSN1469-8293
Autores Tópico(s)Agriculture and Rural Development Research
ResumoAbstract Cet article présente les caractéristiques et l'évolution de la propriété foncière, du marché foncier et des systèmes de production agricoles en Lombardie orientale au 19e siècle. L'auteur analyse les impacts sur l'exploitation de la terre de la substitution des propriétaires fonciers nobles par des bourgeois; des maladies du ver à soie et des vignobles, de l'arrivée des grains américains moins chers; de l'utilisation d'engrais chimiques et d'équipements modernes. Il montre que si la petite propriété représente toujours près d'un tiers du total et que la magnanerie et la viticulture diminuent, il est relevé une croissance des cultures céréalières et fourragères et des dépenses consacrées aux innovations technologiques. Il signale la rationalisation des cultures, l'amélioration des rendements et de la qualité des récoltes ainsi que des revenus non déclarés pour éviter les impôts et explique pourquoi les investisseurs préfèrent les petits aratori comportant des mûriers et des vignobles. Enfin, il donne à voir que l'organisation des exploitations reste liée au degré de risque pris par le propriétaire (la rente fixe garantie par le bail à ferme payé en argent ou une gestion directe de la propriété) et aux cultures (la présence des vignobles et de la magnanerie favorisant les sharecropping contracts). Keywords: agricultureland marketItaly19th century Notes 1. En ce qui concerne la surface du département, il faut noter que, de 1801 à 1859, la vallée Camonica (de tous temps liée à Brescia) fut attribuée au département de Bergamo, ce qui réduisit de 1350 km carrés son extension totale. 2. A propos des différentes cultures agricoles du département de Brescia au XIX siècle cf. CitationSabatti, Quadro statistico del Dipartimento del Mella, 70–99; CitationCocchetti, Brescia e la sua provincia, 200–11.; CitationTedeschi, I frutti negati, 47–58. Enfin, pour une synthèse sur les conditions actuelles du secteur agricole dans ce département cf. CitationCaroli et al., Brescia 2015, 49–54. 3. Le département de Brescia fut soumis à Napoléon jusqu'en 1814, puis au Royaume Lombardo-Vénéto (période autrichienne ou Restauration) jusqu'en 1859 et entra ensuite dans le Royaume d'Italie (période unitaire). A donc été analysé le cadastre napoléonien qui resta en vigueur jusqu'en 1852 quand lui fut substitué le cadastre autrichien. Ce dernier fut utilisé jusque 1897 quand le cadastre italien entra en vigueur. Parmi les difficultés interprétatives, il faut souligner particulièrement celles liés aux homonymies (avec le risque d'attribuer à un propriétaire des terres qui en réalité appartiennent à d'autres personnes) et à l'évaluation des prix (jusqu'en 1860 plusieurs monnaies étaient en effet utilisées simultanément et, dans quelques cas, il a été impossible de les distinguer). 4. Les sources à partir desquelles les données ont été élaborées sont: CitationArchives d'Etat de Brescia, Petizioni d'estimo, bb. (liasses) 233–236, 239–241, 244–273, 282–291, 331, 337–343, 348, 412–413, 447–448, 451, 454, 457–458, 460–478, 481, 487–488, 490–495, 504–506, 518–521, 526–529, 533–558, 560–562, 588–589, 604, 608–611, 651–652, 667–668, 678–679, 686–689, 694–700, 708–710; Notarile di Brescia, bb. 14558–14650, 15093–15101, 14836, 14992–15009, 15074, 15093–15100, 15429; Notarile di Salò, bb. 2558, 2585–2586. De plus, on a analysé les donnés indiquées in CitationOnger, L'economia come paesaggio, 79–220.; CitationFaccini, ed. Agricoltura e condizioni di vita dei lavoratori agricoli lombardi: 1835–1839, 263–409; Calini Ibba, La proprietà fondiaria, op. cit. 5. Un exemple clair de crise au sein de la classe aristocratique est celui du noble Martinengo Colleoni qui fit faillite en 1850 après avoir ‘dilapidé son patrimoine, avoir négligé la gestion de ses propriétés’ et avoir ‘toujours vécu dans le luxe … et dépensé l'argent en voyages, distractions et femmes’. A ce propos cf. Archives d'Etat de Brescia, Atti del Tribunale di Brescia, b. 86. 6. En Lombardie, on compte un propriétaire de terre pour huit habitants, 3.25 ha de terre cultivée et 6.2 ha de surface totale. Pour le département de Brescia, le rapport propriétaires/habitants est de un pour six: de plus on relève un propriétaire par 2.5 ha de terre cultivée et 5.25 ha de surface totale (Tedeschi, I frutti negati, op. cit., p. 78). 7. Au début du XIXe siècle, les propriétés de très petites dimensions (moins de 2 ha) peuvent présenter des prix par ha doubles par rapport à ceux demandés pour une surface supérieure à 200 ha (données élaborées à partir de CitationCova, Aspetti dell'economia agricola lombarda, 45–6). Sur les résultats de l'Enquête Agraire organisée par le sénateur Jacini au début des années 1880 cf. CitationBenedini, Terra e agricoltori nel circondario di Brescia; CitationSandrini, “Il circondario di Breno”, 243–305; CitationMarchiori, Il circondario di Salò, 383–477; CitationSandri, Il circondario di Chiari, 657–79; CitationErra, Il circondario di Verolanuova, 681–741. 8. Sur l'importance des productions des légumes, des fruits, du vin, de l'huile d'olive et surtout des citrons pour l'agriculture et l'économie du département de Brescia pendant le XIXe siècle cf. Tedeschi, I frutti negati, op. cit., 332–40. 9. Le contrat de livello est un contrat particulier formé par deux actes différents: par le premier, l'emprunteur vend le bien immobilier à celui qui prête l'argent; par le second, le bien immobilier est loué à l'ancien propriétaire. Le prix établi dans la ‘vente’ représente donc la valeur du financement et le ‘bail’ constitue l'intérêt. On doit noter que les institutions ecclésiastiques participent à presque deux tiers des contrats de livello. Sur le rôle de ce contrat dans la relation entre marché immobilier et marché du crédit, ainsi que le financement de petites manufactures; cf. CitationTedeschi, “Mercato immobiliare e mercato del credito nel Bresciano alla fine del Settecento”, 847–75; CitationTedeschi, Marché foncier, crédit et activité manufacturières dans les Alpes, 247–59. 10. A propos de l'efficacité du bail à ferme et des sharecropping contracts, il existe de nombreuses analyses et discussions entre historiens, économistes et agronomes. Pour une synthèse sur les résultats du débat cf. CitationCecchi, ed. L'imprenditore agrario e la proprietà. Scritti sull'approccio contrattuale all'analisi dei tipi d'impresa; CitationLuporini et Parigi, Multi-Task Sharecropping Contracts, 445–57; Tedeschi, I frutti negati, op. cit., 103–41 et la bibliographie indiquée ainsi que les contributions de P. Schofield, B. Câmara, J. Carmona, G. Federico et R. Santos publiées in Continuity and Change n° 2 (2006): 209–312 (special issue on sharecropping in history). 11. Les rotations passent de deux ans sans repos (blé et maïs) à huit (blé avec trèfle, trèfle, lin avec quarantino, blé avec coltura d'été, blé avec quarantino et panico, maïs et millet, coltura de printemps avec maïs et millet). Le lin entre dans les rotations sur quatre, cinq et six ans. Aux petites rizières situées dans les sources résurgentes s'ajoute parfois la culture du riz dans la rotation avec d'autres céréales (Tedeschi, I frutti negati, op. cit., 266–88, 424–7). 12. Sur les études d'agriculture de l'Ateneo cf. CitationTedeschi, “L'Ateneo e gli studi d'agricoltura nell'Ottocento”, 227–75 et la bibliographie indiquée. 13. Les aratori se réduisent dans les vallées (–13%), tandis qu'ils connaissent une petite augmentation dans la colline (+1%) et dans la plaine (+6%); les prairies augmentent dans les vallées (+16%, mais la croissance débute à partir de la fin du siècle), tandis qu'elles régressent dans la colline et la plaine (–4%). L'espace consacré aux céréales dans la plaine passe de plus de 75% des terrains cultivés dans la période autrichienne à moins de 60% à la fin du siècle. Le trèfle pratense connaît une régression de 12 à 1%, tandis que le trèfle ladino et l'herbe medica, qui auparavant n'étaient pas cultivés, atteignent respectivement un quart et un sixième des aratori. Le lin passe de 10 à moins de 1%, tandis que les légumineuses fourragères progressent de 12 à plus de 40%. Dans la colline, les vignobles voient leur surface doubler et dépasser celle de la plaine (les aratori avec vignobles se raréfiant). A ce propos et sur le développement du secteur zootechnique dans la plaine cf. CitationZucchini, L'agricoltura bresciana, 511–15, 530–2; CitationBraga, “L'agricoltura bresciana dalla crisi allo sviluppo (1880–1913)”, 9–16, 37–66; CitationTedeschi, “Il rinnovamento colturale. Aspetti della viticoltura bresciana fra Ottocento e Novecento”, 801–9. 14. De la moitié du XIXe siècle au début du XXe, la surface assainie dépasse 6000 ha (CitationBianchi, “Gli sviluppi dell'irrigazione in Provincia di Brescia.” 137–67; Zucchini, L'agricoltura bresciana, op. cit., 517–19). 15. A propos de la diffusion des connaissances agronomiques et des écoles agronomiques dans le département de Brescia cf. CitationTedeschi, “Aspetti e problemi dell'agricoltura bresciana del XIX secolo”, 44–50 et la bibliographie indiquée. 16. Sur les craintes liées à l'efficacité des contrôles du fisc autrichien et italien cf. CitationGerardi, “Sullo stato dell'agricoltura, dei boschi, dell'industria e del commercio nella provincia di Brescia, e sul presente sistema delle imposte.” 210–22; Tedeschi, I frutti negati, op. cit., 186–90, 226–30. 17. Sur les différentes rendements enregistrés selon les variétés cultivées et la pédologie cf., outre aux tableaux des annexes, Cova, Aspetti dell'economia agricola lombarde, op. cit., 78–80, 110–15; Tedeschi, I frutti negati, op. cit., 358–61, 460–3; CitationRomani, Un secolo di vita agricola in Lombardia (1861–1960), 37–8, 101–4; Braga, L'agricoltura bresciana, op. cit., 9–16, 37–8, 57–8; CitationPorisini, Produttività e agricoltura: i rendimenti del frumento in Italia dal 1815 al 1922, 7–8, 18, 35–6, Appendice statistica, 70–1. 18. Selon les données officielles, les rendements du blé affichent une progression en q/ha de 16.33 (années ’60) à 19 (années ‘70) et une chute à 14 (années ‘80) et à 7 (années ‘90): il s'agit de valeurs moyennes trop faibles dans un département où certaines exploitations présentent des rendements en q/ha de 17 (en 1862), 19 (en 1867) et 21–22 (du 1872 à 74). Les doutes se renforcent encore face aux rendements publiés en 1875 (16 q/ha) et à la chute ‘officielle’ entre 1876 et 1883 reprenant des taux de 7.80 à 6.88 q/ha, ce qui revient à indiquer une perte de productivité avoisinant les 65% avant la grande crise agraire. Un résultat bien éloigné de la réalité qui s'ajoute à ceux des enquêtes du Ministère de l'agriculture qui, pour les années ’80 et ’90, renseignent des rendements égaux dans la plaine et la montagne, ce qui peut arriver pour des valeurs minimales (un terrain de plaine peu irrigué au sol non fertile peut ainsi être assimilé à un terrain ombragé de la vallée), mais est impossible en ce qui concerne les rendements maximaux (les aratori irrigués ont toujours une productivité meilleure que dans la montagne). De plus, même si on considère les effets de la crise agraire des années 1880, on ne peut accepter que dans la dernière partie du siècle, en disposant des nouvelles machines agricoles et des engrais chimiques ainsi que de nouvelles et plus productives variétés de céréales, la récolte moyenne annuelle du maïs reste comprise entre 1,100,000 et 1,200,000 hl et que celle de blé demeure stable à 400,000 hl, c'est-à-dire à des valeurs comparables à celles enregistrées au cours de la période napoléonienne. 19. Sur le développement des industries dans le département de Brescia à la fin du XIXe siècle cf. CitationFacchini, Alle origini di Brescia industriale. Insediamenti produttivi e composizione di classe dall'Unità al 1911; CitationTaccolini, “Originalità e modi del coinvolgimento nella prima industrializzazione italiana”, 401–36. Pour une synthèse sur les conditions actuelles des secteurs industriels (sidérurgie, métallurgie, mécanique, textile et habillement) cf. Caroli et al., Brescia 2015, op. cit., 35–49. 20. Les données concernant les rendements relevés pendant la première moitié du XIX siècle sont obtenues par l'élaboration des ‘Minute di stima’ in Archives d'Etat de Brescia, Famiglia Averoldi, bb. 30, 32, 52, 62, 120–123, 249, 253; Congrega di Carità Apostolica di Brescia, bb. 265, 314, 315, 369, Pio Luogo delle Zitelle, b. 65, Pio Luogo Orfani, b. 30; Famiglia Martinengo dalle Palle (separato), bb. 2–5, 7, 9, 18, 62, 65–69, 72. Pour réduire les erreurs les résultats ont été en outre confrontés avec les données indiquées in Faccini, ed., Agricoltura e condizioni di vita, op. cit., 265–409; Onger, L'economia come paesaggio, op. cit., 208–15. Pour les rendements relatifs à la deuxième moitié du siècle cf. les documents indiqués dans la note 17.
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