Artigo Acesso aberto

Les Soeurs Grises et les événements de 1869-1870

1970; Volume: 37; Linguagem: Francês

10.7202/1007284ar

ISSN

1927-7067

Autores

Élisabeth De Moissac,

Tópico(s)

Literature and Culture Studies

Resumo

LesSoeurs Grises et les événements de 1869-1870 « Louis Riel est visiblement l'élu de Dieu pour sauver son pays.» Ainsi s'exprime la soeur Curran 1 , dans une lettre adressée à la Maison Mère de Montréal, lettre où elle relate ce qui se passe sous ses yeux en cette fin d'année 1869.Pouvons-nous blâmer cette religieuse si sincère de sa confiance en la mission de Louis Riel, le jeune chef métis ?Je ne le crois pas, et je dis même que les sentiments qu'elle exprime ainsi ne sont que Pécho de ceux de ses compagnes, les vingt-cinq religieuses qui composaient alors la petite communauté de Saint-Boniface.D'ailleurs, comment en aurait-il été autrement puisque, depuis 1844, les Soeurs Grises, premières missionnaires, éducatrices et hospitalières de l'Ouest canadien, partageaient les joies et les peines de leurs chers Métis, leur genre de vie même, en un certain sens, puisqu'elles se contentaient de leur menu de viande sèche et se chaussaient comme eux de mocassins.Nos chers Métis, ces mots reviennent fréquemment sous la plume de Mère Valade 2 , première supérieure de la maison.Elle les connaît bien et elle n'ignore pas leur incurie, mais elle s'inquiète sans cesse de la grande pauvreté qui règne autour d'elle.Elle écrit: La misère est très grande dans ce pays; tout le monde a semé autant de blé qu'il a pu, et même plus, car beaucoup ne se sont rien réservé pour leur nourriture, aimant mieux vivre de pêche et de chasse que de confier à la terre le peu de grain qu'ils possèdent 3 .Et un mois plus tard elle ajoute: Un grand nombre de nos gens jeûnent fréquemment.Heureusement que les chasseurs de bisons vont arriver.Nous aussi nous avons hâte, 1 La soeur Mary A. Curran (1831-1906).Professe de notre communautésoeur de Bytown.Cédée à la petite communauté de la Rivière Rouge en 1853.Sa parfaite connaissance des langues française et anglaise lui permit de servir de secrétaire à M gr Taché qui ne pouvait immobiliser un de ses prêtres à ce poste.Les soeurs de Saint-Boniface doivent à la soeur Curran une part importante de leurs archives.Elle fut rappelée à Montréal en 1887. 2 La soeur M.-Louise Valade, fondatrice de la mission de la Rivière Rouge, née le 27 décembre 1808, à Sainte-Anne-des-Plaines, décédée à Saint-Boniface le 13 mai 1861.car si nous ne sommes pas rendues à jeûner, nous n'en avons pas de reste 4 .Ces chasses, quelle place elles occupaient dans ce pays où le pemmican était le régime quotidien !Une chasse malheureuse conduisait à la disette.Ailleurs, les soeurs se réjouissent de la célèbre victoire que leurs chers Métis viennent de remporter sur les Sioux, les 13 et 14 juillet 1851, à la bataille du Grand Coteau du Missouri.Après une courte description de la rencontre, la soeur Lagrave 5 .compagne de Mère Valade et alors à la Prairie du Cheval Blanc, Saint-François-Xavier, conclut par ces mots: Voyant qu'ils n'avaient aucun succès, les Sioux prirent le parti de se retirer, laissant nos Métis bien joyeux de leur retraite.Il est certain que nos gens n'auraient jamais été capables de se tirer d'affaire sans une protection spéciale 6 .Toutefois, si un tel succès exaltait la fierté de ces hardis descendants des Voyageurs, une autre victoire, remportée deux ans auparavant sur le monopole de la traite, les remplissait d'aise.Depuis longtemps, les habitants de la colonie s'insurgeaient contre les règlements rigoureux imposés par la Compagnie de la Baie d'Hudson, en vertu de sa charte, et encore plus des vexations continuelles de certains fonctionnaires.De son côté, le gouvernement de l'Assiniboia, alarmé par une pétition envoyée à Londres, en 1848, pour réclamer la liberté du commerce, avait dépêché une petite troupe à la Rivière Rouge.Voici ce qu'écrit à ce sujet Mère Valade: Il nous est arrivé, cet automne, un nouveau gouverneur du nom de Caldwell, avec un petit régiment [...].Il n'a encore rien changé de la Compagnie; il paraît même qu'il est pour maintenir le même système.Nous pensons que la Compagnie fait venir des soldats pour jeter de la poudre aux yeux des Métis ; je ne sais s'ils se laisseront aveugler 7 .Ils ne le furent point puisque, quelques mois plus tard, le 17 mai 1849, jour de l'Ascension, ces braves, ayant Louis Riel, père, à leur tête, arrachaient des mains de l'Honorable Compagnie, non seulement deux des leurs, inculpés dans une affaire de traite, mais aussi un fort lambeau de son autorité souveraine.

Referência(s)