Dynamique récente des plantations individuelles de palmier à huile au Cameroun
2000; EDP Sciences; Volume: 7; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.1051/ocl.2000.0172
ISSN2272-6977
Autores Tópico(s)Agriculture and Rural Development Research
ResumoAlors que le premier plan palmier camerounais – copie conforme du plan ivoirien – était lancé à la fin des années 60 sous l’impulsion des pouvoirs publics, la plantation individuelle ne constituait pas encore une véritable priorité. Largement dominée par les cinq grandes agro-industries privées (Pamol, Ferme suisse et SAFACAM) ou publiques (CAMDEV et SOCAPALM), la filière huile de palme camerounaise ne s’est réellement ouverte à de nouveaux acteurs que vers la fin des années 70 et surtout dans les années 80. Financées par des crédits publics, ces plantations, qualifiées de villageoises, étaient localisées à la périphérie des agro-industries à qui elles s’engageaient à livrer leurs régimes tout en bénéficiant d’un encadrement technique. Au 1er janvier 1999, environ 12 400 hectares de plantations relevant de cette catégorie des « plantations villageoises encadrées » étaient encore exploitées (33% dans l’orbite de Pamol, 6% dans celle de la CAMDEV et 61% dans les trois secteurs SOCAPALM). Mais ces plantations ayant bénéficié d’une aide publique ne sont guère homogènes. Certains non ruraux – les « élites » selon la terminologie en vigueur au Cameroun – ont réussi à faire financer à bon compte des surfaces qui ne peuvent que difficilement être rangées dans la catégorie des plantations villageoises. Ainsi dans le secteur de Dibombari – le plus important de SOCAPALM – trouve-t-on 4 plantations dont les surfaces déclarées sont supérieures à 100 hectares et 27 autres comprises entre 20 et 100 hectares. Ces plantations de taille moyenne représentent 45% des superficies réalisées au titre des programmes villageois, qui ont donc été quelque peu dénaturés. Un planteur livrant plus de 1 450 tonnes de régimes par an, soit environ 70 millions de F CFA de chiffre d’affaires, peut-il être assimilé au « petit planteur pauvre », cible désormais privilégiée des bailleurs de fonds ? Mais les liens entre les plantations villageoises stricto sensu et les agro-industries se sont distendus. Des extensions de superficies « hors programme » se sont multipliées et les livraisons aux grandes huileries ont progressivement diminué, les villageois préférant soit assurer par eux-mêmes la transformation de leurs régimes, soit vendre à de petites huileries artisanales leurs produits, parfois mieux rémunérés et surtout payés comptant. Jusqu’au début des années 90, le prix du kilo de régime fixé par l’administration, sans références clairement perceptibles (cours mondial de l’huile, par exemple), ne satisfaisait personne : ni les grandes sociétés qui le jugeaient trop élevé, ni les producteurs qui le trouvaient trop bas. Lorsque l’insuffisance de la production propre de régimes des sociétés agro-industrielles est devenue manifeste, les prix offerts aux plantations villageoises ont été relevés (40 à 50 F CFA/kg contre 26 à 31 auparavant) et les livraisons ont partiellement repris et représentent actuellement 12% des régimes usinés par les agro-industries. Même si, en 1998, 60% des planteurs inscrits de SOCAPALM (1 347 sur 2 258) ne livraient aucun régime à la société. Pour conclure sur ce secteur villageois encadré (même s’il l’est de moins en moins), on peut considérer que la complémentarité voulue entre ce secteur et les agro-industries n’a pas résisté à l’usure du temps. Les relations entre ces deux ensembles sont désormais fondées davantage sur l’opportunité, voire sur la concurrence, que sur une complémentarité qui, il faut bien le reconnaître, n’a guère été encouragée. Que les planteurs villageois refusent de communiquer leurs surfaces exactes à la société qui les encadre en dit long sur des relations rendues encore plus complexes par l’arrivée de nouveaux venus.
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