Copistes de Cluny au temps de saint Maieul (948-994)

1978; Librairie Droz; Volume: 136; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3406/bec.1978.450122

ISSN

1953-8138

Autores

Monique-Cécile Garand,

Tópico(s)

Medieval European Literature and History

Resumo

L'histoire du premier scriptorium de Cluny serait bien difficile à faire si on ne disposait que des renseignements fournis par les manuscrits et les inventaires de la bibliothèque: sur les vingt-sept éléments, sous vingt-trois cotes, qui ont été actuellement attribués au Xe siècle, trois seulement portent un colophon attestant leur origine clunisienne et l'intervention de saint Maieul; les autres, anonymes, ne sont même pas munis d'un ex-libris contemporain de la copie; quant aux inventaires, le plus ancien, très incomplet, date du milieu du XIe siècle. Mais un heureux concours de circonstances a rassemblé en un même lieu, la Bibliothèque nationale de Paris, la presque totalité des manuscrits conservés et les restes du fonds d'archives, avec une collection d'actes originaux remontant aux débuts du monastère. Les deux séries de documents n'avaient pas encore été étudiées par les paléographes en fonction l'une de l'autre: pourtant, leur confrontation vaut la peine d'être tentée et tout particulièrement au Xe siècle; les chartes sont alors en nombre suffisant pour procurer le matériel nécessaire aux analyses leurs écritures ne sont pas fondamentalement différentes de celles des livres, les souscriptions de notaires sont fréquentes et la plupart du temps datées. L' auteur fait porter son enquête sur le demi-siècle d'administration de saint Maieul, alors que, comme armarius abord et apocrisiaire entre 942 et 948, puis comme abbé en 994, il avait la haute main sur le scriptorium et sur la chancellerie. Une centaine d'actes originaux rédigés à Cluny subsistent de cette époque; quarante-six noms de notaires y figurent, quelques-uns à plusieurs reprises, ce qui a permis de vérifier les «évidences» suivantes:a) les actes souscrits par des personnages différents ne sont pas de la même écriture: lorsque le nom est le même, mis à part quelques cas douteux ,on retrouve une main semblable. Les écritures de huit notaires parmi lesquels Garnier ou Warnerius et Aldebald qui contribuèrent à la rédaction de la Vita sancti Maioli après la mort de l'abbé ont pu être identifiées dans treize manuscrits appartenant aux fonds des nouvelles acquisitions latines de Paris et des Additional de Londres. Leur intervention couvre l'ensemble de la période considérée et met en lumière l'évolution du style du scriptorium vers 980: les mises en pages austères font place alors des présentations plus élégantes où la décoration prend une place importante, les écritures grandissent, s'alourdissent et les encres deviennent plus noires. D'une façon générale, les scribes de Cluny ont conservé leur personnalité intérieur un même cadre et cette indépendance s'étendait aux détails de la mise en pages. Ils avaient en commun leur archaïsme, le caractère semi-livresque, semi-diplomatique de leurs écritures, une bonne connaissance du latin et des notions de grec. Dès cette époque, le scriptorium subissait des influences multiples, venues Italie aussi bien que Allemagne et de France.

Referência(s)