Artigo Revisado por pares

Conscience de soi et conscience de la maladie dans la schizophrénie : relations avec l’anxiété et la dépression

2002; Elsevier BV; Volume: 160; Issue: 8 Linguagem: Francês

10.1016/s0003-4487(02)00239-1

ISSN

1769-6631

Autores

Christophe Recasens, L Mimic, Roland Dardennes, J Guelfi, F. Rouillon,

Tópico(s)

Psychoanalysis and Psychopathology Research

Resumo

L’incidence élevée des suicides chez les patients schizophrènes fait penser que les patients ressentent péniblement les manifestations de la maladie, jusqu’à ne plus supporter l’existence angoissée, désorganisée ou apragmatique qu’elle entraîne. On insiste par ailleurs sur la fréquence de la méconnaissance des troubles chez les patients schizophrènes, donnée qui contraste avec la fréquence des suicides, comme si cette forme de méconnaissance de la pathologie n’exerçait pas ou peu la fonction « protectrice » d’un déni. Notre étude a recherché si le degré de conscience de la maladie chez des patients schizophrènes hospitalisés était corrélé à l’intensité de la symptomatologie anxieuse et dépressive. Nous avons aussi évalué la disposition à la conscience de soi pour savoir si la conscience de la maladie est reliée à un facteur plus général de capacité d’auto-observation. Dans la population étudiée, de 46 patients, nous n’avons pas retrouvé de lien entre la conscience de la maladie et l’anxiété ou la dépression. La conscience de la maladie n’est pas non plus corrélée à la conscience de soi. En revanche, les scores de dépression et d’anxiété sont corrélés à la conscience de soi. Ainsi apparaît une discordance entre l’évaluation de la conscience de la maladie, peu reliée à la souffrance subjective anxieuse ou dépressive et la conscience de soi, mieux reliée à ces manifestations cliniques. Les scores bruts de conscience de soi indiquent que les schizophrènes se perçoivent comme très préoccupés par leurs propres pensées, soucieux de l’image qu’ils renvoient, exerçant parfois une sorte d’auto-observation permanente allant jusqu’à paralyser leur possibilité d’être en contact de façon spontanée. Ces données sont discutées en référence au travail phénoménologique de Bin Kimura et aux expériences mescaliniennes de l’écrivain Henri Michaux. Elevated rates of suicide in schizophrenia lead us to think that a lot of patients can’t cope with such a frightening, disorganizing or apragmatic experience. In contrast, we insist about the frequency of unawareness of illness as a characteristic of the schizophrenic patient, with paradoxically litlle or no effect on suicidal behaviour. Our study tended to precise the links between awareness of illness, anxiety and depression. We also rated self-consciousness, to see if this tendency could be correlated with other variables, and confirm if possible the hypothesis that awareness of illness relies on a broader tendency for self consciousness. In our population of 46 schizophrenic or schizoaffective inpatients, we failed to show any correlation between awareness of illness, anxiety or depression. Moreover, awareness of illness is not correlated with self-consciousness. On the other hand, anxiety and depression are correlated with self-consciousness. A tendency for high self reflection is frequently observed in autistic attitudes but also when the patient is in relation with others. Some patients sometimes feels like if a an “active” and a “reflexive” self were simultaneously present when they speak to others or even when they are doing daily life activities. The consequences are a loss of spontaneity, apragmatism, anxiety and depression. Those data are discussed in regard to phenomenological studies of Bin Kimura and to mescaline experiences described by the writer H. Michaux.

Referência(s)