Dossier des fouilles du sanctuaire lyonnais de Cybèle et de ses abords
1985; CNRS Éditions; Volume: 43; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3406/galia.1985.2822
ISSN2109-9588
Autores ResumoET DE SES ABORDS par Amable AUDIN I. Les éléments d'une traditionAu cours d'une période qui pour le moins s'étend de l'année 160 à l'année 212, Lugdunum fut le foyer d'une intense activité religieuse autour du culte de Cybèle1.Sous le titre de Magna Mater deum Idaeae Augusta, la déesse phrygienne était adorée dans un sanctuaire d'où proviennent six autels tauroboliques, ou plutôt sept, si l'on tient pour lyonnais celui qui dut être transporté à Tain par des mariniers du Rhône.Cinq, dont celui de Tain, consacrent expressément un sacrifice offert pour le maintien de la colonie de Lugdunum.Les quatre, que les mutilations ont partiellement respectés, précisent que le lieu où ils s'érigaient avait été offert par les décurions de la même colonie.Dans l'agglomération multicéphale du confluent, la colonie de Lugdunum étant spécifiquement la ville qui occupait la colline de Fourvière, c'en est assez pour supposer que ce sanctuaire s'érigeait à Fourvière.Le problème est de l'y retrouver.Les autels tauroboliques lyonnais, sauf un, furent retaillés au cube à fin de réemploi dans des édifices médiévaux.Ils perdirent ainsi tout ou partie des moulurations de tête et de pied avec les figures en relief qui les ornaient.Gravés en creux, les textes demeurent heureusement lisibles.Ces réemplois entraînèrent naturellement le déplacement des blocs : deux ont été retrouvés dans une arche du pont de la Saône, un autre dans le lit de la rivière, un quatrième fut recueilli on ne sait où et porté dans une collection privée.Rien de tout ceci ne permet de situer le foyer de la religion métroaque.Plus significatif à cet égard, un cinquième autel fut retrouvé à Fourvière, dans l'actuel chantier archéologique, mais déjà déplacé et retaillé pour un réemploi qui ne fut pas réalisé, sans doute parce qu'il n'en était 1 A. Audin, Le sanctuaire de Cybèle et les autels lauroboiiqu.esde Lyon, dans Revue du Lyonnais, 1978, 4, p. 193-200.-Le présent «article a pour but de l'aire connaître le dossier de la question : historique, fouilles, description des vestiges exhumés, illustrations ; avec les possibilités d'une restitution.Il ne prétend pas apporter l'étude comparative qui reste à faire.Les données recueillies par les fouilles de l'entourage de l'édifice ont été jointes aux premières : elles apportent des renseignements précieux sur l'installation de l'ensemble.Gallia, 43, 1985 1 La colline de Fourvière.Plan du xvme s. (entre 1704 et 1742) situant la maison Bourgeat où était alors déposé l'autel taurobolique, plus besoin, soit dans le pont de la Saône, soit dans la cathédrale, deux entreprises qui, aux xne et xme s., furent grandes consommatrices de blocs antiques.Reste le dernier, le plus ancien en fait, daté de 160.Il ne subit aucune mutilation pour réemploi, ce qui offre une raison légitime, mais point unique, de penser qu'il ne quitta jamais le lieu où il fut retrouvé2 en décembre 1704.La localisation précise de cette découverte est si essentielle pour la présente étude qu'il convient de reprendre les pièces d'un procès dû à la confusion que provoqua la retranscription inconsidérée de documents initialement corrects.Pendant tout le xvme s. on s'en tint aux données fournies par de Colonia en 1728, alors que l'autel, qui sera acquis par la Ville en 1742 seulement, était encore en place : sur la colline de Fourvière, près de l'église, dans la vigne Bourgeat3 (fig.I).Bourgeat disparu, la crainte que l'on oubliât le lieu où était apparu l'autel incita Artaud à en rajeunir la localisation.Entre 1794 et 1836, période au cours de laquelle il rassembla les matériaux de son < < Lyon souterrain >>, il écrivit, non sans quelque légèreté : « C'est vis-à-vis la partie méridionale du forum et au-dessus du théâtre, dans la maison qui a appartenu à M. Bourgeat, et que possède M. M arc-Antoine de Nolhac, qu'on a découvert, en 1704, le fameux taurobole d'Antonin »4.Intervention malheureuse.Artaud engageait ainsi un processus de désagrégation dont nous ne sommes pas totalement libérés.Ce qu'il nommait la partie méridionale du forum est le mur Cléberg, sans liaison avec le forum.Le théâtre n'ayant été identifié qu'en 1934, l'édifice auquel il attribue ce titre est nécessairement l'odéon.En 1854, de Boissieu, revenant à des données plus pondérées, reprenait simplement l'indication : « dans la vigne d'un M. Bourgeat, dont la propriété appartient aujourd'hui à M. M.-Ant.de Nolhac »5.Il eût été mieux inspiré, à cette date, de préciser les limites de cette terre.Allmer, en 1888, réactualisait l'ensemble de ces données en les amplifiant : « dans la vigne d'un sieur Bourgeat, dont la propriété appartient aujourd'hui à M. Marc-Antoine de Nolhac, derrière les ruines du théâtre antique qui se voient chez les Dames de la Compassion »6.A la suite de cette dernière précision, que devait entériner Hirrschfeld7, le souvenir des noms des propriétaires successivement effacés, on retint seulement que l'autel avait été trouvé derrière l'odéon, lequel était en effet chez les Dames de la Compassion.Il fallut attendre la scrupuleuse intervention de Philippe Fabia pour pouvoir lire, en 1934, dans une note trop modeste en bas de page, concernant le clos Bourgeat : « actuellement partie s. de l'orphelinat de Fourvière, rue du Juge-de-Paix »8.On tint d'autant moins compte de cette discrète mais efficace mise au point que, peu après la parution de sa note, n'existaient plus ni orphelinat de Fourvière, devenu Institution de la Voie romaine, ni rue du Juge-de-Paix, rebaptisée rue Roger-Radisson.Si totale était alors l'incertitude que Charles Picard pouvait émettre cette opinion, destinée à clore le débat : « Les vestiges signalés à Lyon au-dessus du théâtre de Fourvière, et qui ont été interprétés comme ceux d'un sanctuaire de Cybèle, n'offrent aucune particularité dé mo ns t r a t i ve : l'identification a été d'ailleurs surtout proposée en raison de documents dont l'emplacement primitif n'est pas assuré ».Ces « documents » sont, à l'évidence, l'autel de 1704, et l'incertitude qui affecte le site de sa découverte est le résultat des errements signalés plus haut.
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