Artigo Revisado por pares

Lamasba : an ancient irrigation community

1982; Volume: 18; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3406/antaf.1982.1085

ISSN

2117-539X

Autores

Brent D. Shaw,

Tópico(s)

Archaeological and Historical Studies

Resumo

Bien que l'inscription de Lamasba, découverte en 1877 par Masqueray, soit l'un des plus importants documents de l'épigraphie romano- africaine et qu'à ce titre, elle ait déjà fait l'objet de travaux anciens comme ceux de F.G. de Pachtère, cette importance est néanmoins telle pour la connaissance de l'organisation économique et sociale de l'Afrique romaine, les problèmes qu'elle soulève sont si multiples et si complexes, qu'il est souhaitable d'en reprendre l'étude à la base. Paradoxalement c'est la spécificité même du document en question qui en fait l'intérêt principal. En effet si l'organisation hydraulique qu'elle révèle devait être d'un type courant dans la zone présaharienne, les circonstances qui l'ont fait transcrire sont, en revanche, bien particulières puisqu'il s'agit du règlement par une commission d'arbitrage d'un conflit d'irrigation survenu au sein d'une petite communauté urbaine. Celle-ci était implantée au sud-ouest des Hautes-Plaines constantinoises, dans une région ouverte aux influences extérieures en raison de la proximité de la frontière : on remarque la présence dans l'élite municipale des propriétaires de Lamasba de vétérans venus de l'Afrique romanisée. La procédure, exposée dans le préambule de l'inscription, de règlement du conflit laisse deviner par une action conjointe entre les décurions et les coloni, la recherche d'un consensus concernant la répartition des temps d'eau en fonction de celle — très inégale — de la propriété des terres irrigables. Ce qui reste du libellé du décret proprement dit (1/5 environ du texte primitif) fait apparaître en effet qu'à chaque propriétaire était accordé au prorata de l'importance de sa parcelle, pour une date précise de la saison d'hiver, un certain temps d'eau exprimé en heures ou en demi-heures. Ce système fondé sur une unité de temps et non de volume suppose l'existence d'une source perenne (Aqua Claudiana) dont le débit devait être à peu près constant. L'eau devait être distribuée aux parcelles par un canal principal branché sur la source et qui traversait lui- même plusieurs terrasses successives. Mais outre ce réseau d'arrosage par gravité (aqua descendens) existait un autre dispositif (aqua ascendens) fonctionnant en alternance avec le précédent mais avec un débit moindre, ce qui introduisait dans le schéma de distribution un élément de complexité supplémentaire, au sujet duquel on ne peut faire que des suppositions. Quant à l'unité de base du système qui sous l'abréviation k est appliquée à la propriété parcellaire, il ne s'agit pas d'une unité de valeur mais de superficie. Divers indices permettent de penser que la surface d'un casier correspondant à l'arrosage normal d'un arbre servirait de référence implicite (soit 25 à 36 m2). Ce qui ressort de l'analyse sociale du système est une grande inégalité dans la répartition de la propriété, une douzaine de familles s'attribuant les 3/4 de la surface, tandis qu'au bas de l'échelle une vingtaine d'autres n'en avaient que 5 %. En revanche, on note une grande fragmentation des parcelles dictée peut-être par des raisons de sécurité en cas d'assèchement de la source. Cette tendance est corrigée toutefois par un regroupement des lots en blocs familiaux, facilité par l'apparentement de la plupart des propriétaires. La conclusion d'ensemble est qu'on a affaire à un système fondamentalement autochtone, perfectionné grâce à la technologie romaine, mais en cela même la société de Lamasba est très représentative des situations hybrides, tant il est difficile de distinguer le greffon du sujet greffé.

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