Vœu et contrat chez Pierre de Jean Olivi
1996; Issue: 16 Linguagem: Francês
10.4000/ccrh.2645
ISSN1760-7906
Autores ResumoTiens vis-à-vis des autres ce que tu t'es promis à toi seul.Là est ton contrat » René Char, Feuillets d'Hypnos, 161 1 Dans ses carnets de résistant, René Char note, par l'un de ses aphorismes les moins énigmatiques, la formule de l'engagement unilatéral dans un monde désenchanté.Il n'est pas excessif de reconnaître un analogue du voeu religieux dans ce contrat passé avec soimême, en vue d'autrui et face à lui, mais « à son insu » (Allégeance).Alors qu'il écrit ces lignes, Char a fait le choix de combattre en silence, d'écrire sans publier, avant « les salves de la délivrance » (Chant du refus).Au-delà de ce seul « serment aux monts internés » ( L'Épi de cristal), la forme du poème indique souvent la trace d'un voeu, dans ses si fréquents basculements de l'imparfait au conditionnel : « Et tous les fruits t'appartiendraient » (Les Lichens).S'il en est ainsi, le silence y tient une part majeure, sur le fond duquel peut jaillir la parole poétique.« La poésie est à la fois parole et provocation silencieuse, désespérée de notre être-exigeant pour la venue d'une réalité qui sera sans concurrente » (Dans la marche).Le retrait de Dieu, « l'abandon du divin » (Seuil) n'a pas fait disparaître la dimension du dévouement, et ce n'est pas un hasard si la poésie est demeurée l'un des seuls lieux où peut se dire ce contrat silencieux.
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