Artigo Acesso aberto

Jacques Foccart et Ahmed Sékou Touré

2002; Issue: 30 Linguagem: Francês

10.4000/ccrh.712

ISSN

1760-7906

Autores

André Lewin,

Tópico(s)

Historical Studies and Socio-cultural Analysis

Resumo

Bien avant que je ne foule pour la première fois le sol de la Guinée, j'avais eu un signe du climat des relations entre la France et ce pays.C'était en 1967.J'étais chef de cabine t d'André, alors secrétaire d'État aux Affaires étrangères, qui avait entretenu de relations amicales avec Sékou Touré lorsque les deux hommes avaient été députés français (entre 1956 et 1958) ; André Bettencourt avait ensuite accompagné François Mitterrand en Guinée en 1962 et avait crée un groupe parlementaire d'amitié France-Guinée alors que ce n'était pas la tendance du moment.En 1967 donc, Sékou Toué envoie à André Bettencourt un assortiment de ses oeuvres, imprimées en Suisse et somptueusement reliées en cuir rouge, accompagnées de dédicaces flatteuses.Je suis chargé de rédiger une réponse.Je la fais polie et courtoise, et je l'assortis in fine du souhait qu'un jour les choses aillent mieux entre les deux pays.André Bettencourt signe sans sourciller, puisque c'était ce qu'il pensait lui aussi.La lettre part pour Conakry, mais pas par la poste elle est mise dans la valise diplomatique pour Rome, car c'est l'Italie qui, en cette période d'absence de relations diplomatiques, est chargée à Conakry des intérêts français, et donc de toutes les communications.L'ambassadeur de France à Rome était alors Étienne Burin des Roziers, ancien secrétaire général de l'Élysée et donc collègue de Jacques Foccart.Sans doute intrigué par cette enveloppe avec le sigle du secrétaire d'État aux Affaires étrangères et adressée au chef de l'État guinéen, Burin des Roziers renvoie la lettre, non pas à l'expéditeur, mais à l'Élysée.Quelles ne furent pas la surprise et le confusion d'André Bettencourt (et la mienne) en recevant notre missive en retour avec cette annotation de la main de Jacques Foccart : « Un ministre de la République ne correspond pas avec un ennemi de la France 1 » Pourtant, quelques années auparavant, en octobre 1965, Jacques Foccart avait assisté à la réception donnée par l'ambassadeur de Guinée en France à l'occasion de la fête nationale de son pays, et sa présence avait remarquée à Conakry, qui s'en était félicité.Un mois et demi plus tard, en novembre 1965, intervenait -pour dix ans -la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, et Jacques Foccart, de même que deux ministres français, MM.Triboulet et Jacquinot, étaient mis en cause pour leur rôle supposé dans la préparation d'un nouveau complot.

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