Être chef de poste en Inini (1930-1969)
2011; Q24023140; Volume: 98; Issue: 370 Linguagem: Francês
10.3406/outre.2011.4532
ISSN2275-4954
Autores Tópico(s)Migration, Identity, and Health
ResumoGérard THABOUILLOT : Être chef de poste en Inini. L'étude porte sur les fonctionnaires chefs de poste dans l'espace forestier équatorial de l'intérieur de la Guyane, entre 1930 et 1969, quand celui-ci fut une colonie distincte de celle de la Guyane sous le nom de Territoire autonome de l'Inini de 1930 à 1951 puis un arrondissement (de statut particulier) du département de la Guyane de 195 1 à 1969. Le territoire de l'Inini correspond donc à une expérience d'implantation administrative et de maîtrise d'un espace peuplé et parcouru de flux migratoires variés, mais où l'administration n'avait jusqu'alors réalisé que quelques incursions ponctuelles, seulement connu par des récits d'explorateurs (Crevaux, Coudreau). Ce que nous entendons par chef de poste est un thème générique qui regroupe tous les fonctionnaires ayant leur lieu de travail sur le territoire de l'Inini, qu'il s'agisse de chefs de camps des Etablissements Pénitentiaires Spéciaux (E.P.S.), de circonscriptions ou de subdivision, de chefs de cercles municipaux, de leurs adjoints et de chefs de postes de gendarmerie et des douanes. Il s'agit d'un groupe qui semble hétérogène car il est composé de civils et de militaires : ce sont des administrateurs, des adjoints des services civils et des douaniers de l'administration coloniale, des militaires des troupes coloniales et des gendarmes. Notre première question porte sur les raisons de cette hétérogénéité, s'il en est. Mais ils ont des points communs. Ils ont pour mission d'implanter et de maintenir l'administration française dans un espace qui a ses propres règles et qui leur est mal connu. Ils sont confrontés à diverses populations, différentes de celles du reste de l'Empire colonial et des territoires français d'outre-mer, qui ont leurs coutumes et leurs langues (Amérindiens, bushinengués, orpailleurs). Enfin, ils œuvrent dans un cadre réputé difficile, celui de la forêt équatoriale de l'Amérique du sud. Nos interrogations porteront non seulement sur l'originalité de leur travail mais sur leur adaptation à cette nouvelle réalité tant au niveau du contact avec ces populations que de leur vie sur le terrain. Dans un premier temps, nous envisageons d'étudier la composition de ce groupe, à savoir son effectif, ses origines professionnelles et sociales, ses motivations et sa durée de présence. Il nous faudra nous interroger sur l'influence du changement du statut du territoire sur sa composition. Dans un second temps, nous pensons étudier les fonctions, le rôle et l'influence de ces agents de l'Etat dans un espace non administré que l'on veut et va « normaliser » sans oublier les moyens matériels et humains, notamment les équipes présentes sur le terrain (Tirailleurs sénégalais, groupes ethniques locaux). Nous étudierons aussi leur production d'outils intellectuels (cartographie, linguistique, ethnographie). Enfin, la troisième partie de ce travail aborde les conditions de vie de ces fonctionnaires et les difficultés rencontrées dans l'exercice de leurs tâches, la nature du « contact » établi avec les populations. Nous essaierons de préciser la place de l'épouse et de la femme dans ce monde qui semble parfois isolé de l'extérieur. Parallèlement, nous chercherons à savoir si cette situation est propre à l'Inini ou non en comparant avec les autres colonies (en particulier l'Afrique) ou territoires d'outre-mer (Océan indien et Pacifique). Ce travail sur ces fonctionnaires de l'Inini se fonde essentiellement sur les archives des postes, des rapports mensuels ou trimestriels, des rapports de missions ou de tournées et des courriers avec le gouverneur, le préfet ou le sous-préfet conservés aux Archives départementales de la Guyane ainsi que les sources complémentaires conservées en métropole (rapports de gendarmerie notamment).
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