Processus de formation et caractérisation physico-chimique des polis d'utilisation des outils en silex. Application à la technologie préhistorique de l'ivoire

1998; French Prehistoric Society; Volume: 95; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.3406/bspf.1998.10767

ISSN

2419-6568

Autores

Marianne Christensen,

Tópico(s)

Archaeological and Geological Studies

Resumo

Résumé La tracéologie consiste depuis une trentaine d'années en une lecture de surface des outils au microscope optique et une interprétation des stigmates d'utilisation (polis, ébréchures, stries) fondée sur le comparatisme expérimental. Parmi ces stigmates, le plus intéressant est le poli, élément principal permettant une première approche de la matière travaillée. Toutefois l'origine de ce poli reste un sujet de désaccord entre tracéologues qui l'expliquent tantôt par une abrasion de la partie active de l'outil, tantôt par une réaction chimique, tantôt par un dépôt de matière. La recherche présentée dans cet article montre la mise au point d'une méthode d'identification des matières travaillées par l'analyse de leurs éléments physico-chimiques. La caractérisation chimique d'un matériau est la détermination de ses éléments constitutifs minéraux et/ou organiques. Pour découvrir la matière travaillée par un outil, il est nécessaire que des particules provenant de celle-ci soient déposées sur la partie active de l'outil. L'application de cette méthode en tracéologie était donc conditionnée par la compréhension des mécanismes de formation des polis. À l'aide des techniques d'analyse par faisceau d'ion (accélérateur de particules) et l'analyse élémentaire au microscope électronique à balayage, il est démontré que les polis d'utilisation sur des outils en silex sont principalement dus à un dépôt de matière. La caractérisation chimique, au delà de la méthode habituelle d'analyse des traces d'utilisation par analogie, ouvre de nouvelles perpectives dans la recherche des rapports entre l'homme et les matières qu'il a exploitées. Dans l'exemple présenté ici sur le travail de l'ivoire au Paléolithique supérieur, la caractérisation chimique a permis de retrouver les outils lithiques ayant participé à un processus de transformation de l'ivoire. L'auteur a ainsi pu dégager les caractères spécifiques de cette industrie qui la distinguaient notamment à l'intérieur du système technique concernant le travail des matières dures animales, de l'industrie sur os et bois de cervidé mieux connue. L'approche a conjugué une recherche expérimentale et une recherche archéologique. Cette dernière était fondé simultanément sur l'étude technologique des objets en ivoire et l'étude fonctionnelle des outils qui les avaient façonnés dans deux gisements : le site aurignacien de Geissenklôsterle en Allemagne et le site épigravettien de Yudi- novo en Russie.

Referência(s)