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Le retour du sujet et l'éthique de la complexité

1987; L'Harmattan; Volume: 84; Issue: 2 Linguagem: Francês

10.3406/homso.1987.2282

2101-0226

Gabriel Gosselin,

Philosophical and Theoretical Analysis

Dans sa Méthode notamment, Edgar Morin veut soumettre la Science à la question éthique et instituer la fraternité en éthique de la complexité. Pour comprendre cette démarche et en saisir la portée, on se propose d'expliciter les fondements d'un retour du sujet. Un sujet naturalisé d'abord, ce qui conduit Morin à une démarche anti-anthropocentrique qui pose plusieurs questions : sur l'élargissement des idées de nature et de vie, sur la généralisation de l'idée de conscience, sur la place des sujets dans l'univers, sur le passage au méta-point de vue de l'observateur. Un sujet hyper-complexe ensuite, individu ou personne, ce qui pose question quant à la constitution d'une science du présent. Le fondement d'une éthique de la complexité ne peut être cherché dans la science, ni se traduire directement dans une politique. L'amour du vivant est ici fondamental pour Morin, et la considération de tout sujet comme alter ego. Loin de tout sacrifier à la soif de connaissance, comme le scientisme qui élimine le sujet et apporte la mort, il convient de soumettre la science de la complexité aux « forces vives de fraternité ». Cependant nul ne sait encore ce que pourrait être une politique de cet ordre, et le retour du sacré menace ce terrain lui-même. On est ainsi amené à évoquer certaines « idoles » fondées sur une fraternité close ou sacralisée.