Tum mihi prima genãs: Phraséologie et étymologie du Latin pubes
2010; Vandenhoeck & Ruprecht; Volume: 123; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.13109/hisp.2010.123.1.181
ISSN2196-8071
Autores Tópico(s)Historical and Literary Studies
ResumoLe lat pūbēs, -is f. « poils pubiens » et « classe des jeunes gens pubères » relève du vieux fond du vocabulaire latin.Il fonctionne nettement comme un collectif.Son accointance avec le vocabulaire de l'agriculture (au sens de « duvet des plantes ») relève d'une phraséologie ancienne, dont on peut produire maints exemples.Il en va de même pour l'inchoatif pūbēscō « se revêtir de duvet » qui se dit également des hommes et des plantes.Gage d'archaïsme, il existe un adjectif sigmatique pūbēs, -ĕris « couvert de duvet, pubère ».Cette famille obscure s'avère totalement immotivable à l'intérieur du latin, et le manque de données comparatives directes conduit à de prudentes réserves ou bien à une accumulation d'hypothèses ingénieuses mais engagées sans fondement et sans perspective.Il est expédient de partir d'un ancien composé en *°bÌ(‹)--és incluant la racine i.-e.*bÌuH-« croître, pousser ».Il faut admettre que ce composé reflète une construction à l'instrumental « se revêtir de (duvet) ».Ce type est illustré par le gr.θριξὶ πεφῡκέναι « être couvert de poils ».On connaît le modèle corrolaire incluant l'accusatif de la partie du corps (gr.πώγωνα φύειν « avoir la barbe qui pousse »).Le latin possède des tours à l'instrumental (flōribus / pampinīs pūbēscere « se revêtir de fleurs / de pampres »).L'étude du dossier conduit à poser pour le lat.pūbēs, -ĕris « couvert de duvet, pubère » un ancien composé hypostatique sur thème d'instrumental.On admettra un étymon i.-e.*Hp-u-h 1 -bÌ(‹)--és « qui se revêt de duvet / d'une toison » en relation avec le collectif *Hp-u-h 1 -bÌ(‹)--é(Ú) f. « couche de duvet, poils pubiens » et « classe des jeunes gens pubères ».Ces deux formes refléteraient un modèle syntaxique restituable comme i.-e.*Hp-ú-h 1 bÌuH-« se revêtir de duvet ». l'archaïque poplicus 6 fait sur populus 7 .Il faut vraisemblablement partir d'une contamination de poplicē « tout le peuple ensemble » avec *pūbicē « toute la classe des adultes ensemble » (FRUYT, 1986 : 43).Ce registre de langue est particulèrement archaïque ou poétique : P.-Fest.301, 3 pūbe praesente est populō praesente « en présence de la pūbēs, c'est-à-dire 'en présence du peuple' ».Pl., Ps. 126, pūbī praesentī in contiōne, omnī poplō « en présence du peuple, en pleine assemblée » Cat., 64, 4 lectī iuuenes, Argīuae rōbora pūbis # « des héros robustes, l'élite de la jeunesse argienne » 1.2.état de la question :Le système ancien repose sur un substantif pūbēs, -is f. « zone des poils pubiens, pubis, puberté » et « classe des jeunes gens pubères ».L'adjectif sigmatique pūbēs, -ĕris « couvert de duvet, pubère, viril » s'oppose régulièrement à un privatif en -i-(impūbis, -is « non-encore couvert de poils, non-pubère » 8 ).Le verbe pūbeō « être couvert de duvet » a toute chance d'être sorti du participe pūbēns, doublet de pūbēs, -ĕris 9 .Il n'est pas possible de trouver un correspondant direct au lat.pūbēs.On en rapproche pourtant le véd.púmān « mâle » qui est également obscur en sanskrit (ADAMS, 1985a : 1).Dans l'état actuel du dossier, ce rapprochement fondé sur une vague ressemblance fait figure de Wurzeletymologie.Il faut s'aviser que le véd.púmān possède une flexion sui generis 10 .Il faut beaucoup d'habileté pour relier directement ces formes : le védique refléterait un ancien paradigme holokinétique de type *pé‹m-ōs, gén.*pum-s-és « virilité ».Il existerait un dérivé *pum-ró-« pubère » ainsi qu'un privatif sigmatique *í -pum-es-« non-pubère ».Le proto-lat.*peubro-« pubère » refléterait un degré plein *pe‹m-ró-(ADAMS, 1985a : 6-7).6 Encore attesté dans l'archaïsant Sénatus-consulte des Bacchanales (=CIL 581), l. 15-16, NEVE.IN.POPLICOD.NEVE.IN.( 16) PREIVATOD.« ni en public ni en privé ».Cette tournure est modernisée chez Cic., Verr. 4. 137, neque pūblicē neque prīuātim « ni à titre public ni à titre privé ». 7 Il existe un correspondant sabellique : l'ombr.pupřike (dat.sg.), attesté comme épithète, puemune / pupřike (III 27) « en l'honneur de Pōmōnus Poplicus ».L'ombr.*pupřiko-reflète un thème sabell.com.*popliko-. 8Peut-être un ancien bahuvrīhi (*im-pūbi-« qui ne possède point la puberté »).Quelle qu'en soit l'étymologie, le substantif pūbēs f. « toison, puberté » doit être un authentique thème en -i-.L'adjectif *pūbicus « concernant la classe des adultes » s'analyse en *pūb-i-ko-.Le nominatif pūb-ēs a toute chance de refléter un plus ancien *pūb-ē (<*-ē(Ú)) recaractérisé par la désinence -s, à l'instar du type uerrēs m. « verrat » qui repose sur lat.*uerrē + -s.Le lat.*uerrē (<*uorsē(n)) est sans doute superposable au véd.vṛṣā m. « mâle » (<*h 2 ‹®s-ē(n)). 9Selon la normalisation qui s'observe entre l'anomal praegnās (<*préh 2 -i-flıh 1 -t-« qui est près d'engendrer » ) et la forme normalisée en pseudo-participe (praegnāns « enceinte »).La forme-pivot est le nominatif singulier, où le -n-ne se prononçait point.Dans la pratique, pūbēs et pūbēns sont interchangeables (Virg., En. 4, 514, pūbēntēs herbae « herbes couvertes de duvet » permute librement et sans aucune nuance de sens appréciable avec En. 12, 413, pūberibus foliīs « avec des feuilles couvertes de duvet »).Le verbe pūbeō n'est employé que tardivement ailleurs qu'au participe (ainsi KELLER, 1992 : 360). 10Nom.*púmāṃs-, acc.púmāṃsam, gén.puṃs-ás.11 Il n'est pas du tout sûr que le *-m-soit ancien.Il est plus facile d'admettre un dérivé possessif en *-‹-ós « pourvu de » avec dissimilation de type *-u-‹-V- *-u-m-V-.Cette dissimilation s'observe en indo-iranien, dans l'av.fšumant-« riche en troupeaux » (<*pË-u-‹ónt-) et le véd.gómant-« riche en boeufs » (<*gºó‹-‹ont-), ainsi qu'en anatolien (KIMBALL, 1999 : 374), dans le hitt.arnumeni « nous prenons » (<*ar-nu-weni).Le véd.púmān, púmāṃsam, pums-ás « mâle » refléterait en ce cas un ancien dérivé *pu-v-ás, *pu-vántam, *pu-vat-ás « pourvu de toison, pubère, viril ».La flexion s'expliquerait par un remaniement de type *pu-v-áns, *pu-v-áns-am (± vid-v-áṃs, vidv-áṃs-am) avec généralisation de la nasale de l'accusatif et de la longue du nominatif.La dissimilation rendait la forme inanalysable comme un dérivé en -v-áṃs, d'où le recul de l'accent. 12Admis par MAYRHOFER (EWaiA II : 144-145 s.u.púmān). 13 Le traitement phonétique *Ce‹mr-> lat.Cūbr-est inférable du type *CeÚmr-> lat.Cībr-qui s'observe dans le lat.hībernus (<it.com.*χeimr-ino-± gr.χειμερῐνός « hivernal »).Le prototype *pe‹m-ró-donnant un hypothétique *pūber, -bra, -brum aurait totalement oblitéré l'allomorphe †pŭm-de la racine.Pour rendre compte du thème pūb-, il est absolument nécesaire d'avoir un thème en *-r-(qui est posé de façon circulaire). 14L'auteur pose un suffixe *-ms-en partant d'un sème de base *pu-« poil ».Il convoque le témoignage d'i.-e.*mēms-« chair » (ADAMS, 1985a : 13 et 1985b : 243, n. 7), lequel est non-élucidé à ce jour.Expliquer *pó‹ms par *mēms, c'est expliquer obscurum per obscurius. 15 Le slave *puxŭ « fourrure » reflète *pó‹s-o-(v.-r.пухъ « garniture de fourrure » = r.опýха), non *pó‹mso-.Quant-à l'alb.push m. « fourrure » il repose très probablement sur un étymon i.-e.*puË-s-o-apparenté au nom germanique du « renard » conservé par l'angl.fox et l'all.Fuchs (<west.*fuhsa-).Le véd.púccha-m.« queue » s'expliquerait bien par la substantivation d'un adjectif *puË-sË-ó-« garni de fourrure ». 16 Ainsi le skr.ép.puṃs-kāmā f. « coureuse d'hommes ». 17 Noter puṃgava-« taureau » (<<*pumad-gav-á-forme réduite du juxtaposé *gó-púmān « bovin mâle » ).
Referência(s)