Artigo Revisado por pares

Peinture des rapports sociaux et invention de l'éternel paysan: les deux manières de Jean-François Millet

1977; Éditions du Seuil; Volume: 17; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.3406/arss.1977.2573

ISSN

1955-2564

Autores

Jean-Claude Chamboredon,

Tópico(s)

Cultural Identity and Heritage

Resumo

A partir d'une analyse de l'iconographie des thèmes paysans dans l'oeuvre de J-F. Millet cet article suggère que, loin d'accepter le stéréotype d'un peintre de l'éternel paysan, il faut voir dans les tableaux de ce peintre la mise en scène de rapports sociaux historiquement et géographiquement situés. L'opposition majeure sur laquelle est construite l'oeuvre est celle d'un prolétariat agricole de région de grande exploitation (champ ouvert) et d'une paysannerie indépendante de région de bocage (champ clos). La constitution de l'image sociale de l'oeuvre, commandée, en dernière analyse, par l'évolution historique, engage à la fois une évolution interne de l'oeuvre et une évolution externe des interprétations (lecture sélective des oeuvres, définition du corpus considéré comme représentatif du peintre). Elle peut s'analyser comme un travail de neutralisation politique qui conduit, en réduisant l'opposition entre les deux types de paysannerie, à abstraire progressivement l'attitude paysanne comme disposition générale devant l'existence des rapports sociaux dans lesquels elle se construit et prend sens. Ainsi s'élabore une morale composite (dureté au travail et ascèse ; culte de l'intimité domestique ; stoïcisme chrétien et acceptation de la condition) qui, en un moment de crise de l'encadrement des classes populaires (passage du Second Empire à la IIIe République), peut être proposée comme morale des humbles, morale du labeur et de la résignation, à l'ensemble des classes populaires.

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