Les limites de la brutalisation. Tuer sur le front occidental, 1914-1918
2004; Presses de Sciences Po; Volume: 81; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3406/xxs.2004.4238
ISSN1950-6678
Autores Tópico(s)North African History and Literature
ResumoLe succes actuel des notions de « brutalisation » des societes et de « banalisation » de la violence extreme, introduites par George Mosse, oblige a reexaminer dans leurs specificites les formes des combats sur chacun des fronts de la premiere guerre mondiale. Ce devoir d’histoire est d’autant plus imperieux que, de l’idee d’une « brutalisation » collective, on est passe, de facon plus ou moins raisonnee et argumentee, a celle d’un « ensauvagement » individuel. L’article propose de relire les temoignages accessibles d’anciens combattants du front de l’Ouest, en tenant compte a la fois de l’impossibilite d’etablir avec precision la proportion de ceux qui se sont trouves consciemment en situation de tuer, de la variete de circonstances produite par la transformation de la guerre de mouvement en une guerre industrielle, ou le premier role revient a l’artillerie, du caractere irreductiblement individuel du rapport a l’acte de tuer, enfin du sentiment immediat de culpabilite que cet acte a pu faire eprouver a ceux qui l’ont commis. Une conclusion au moins parait s’imposer : la liberation de pulsions meurtrieres n’a pu concerner, dans cette guerre et sur ce front, qu’une petite minorite.
Referência(s)