The Book of Tengu: Goblins, Devils, and Buddhas in Medieval Japan
2002; Volume: 13; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.3406/asie.2002.1184
ISSN2117-6272
Autores Tópico(s)Chinese history and philosophy
ResumoCet article s'organise autour d'une lecture d'un rouleau peint médiéval intitulé Tengu zōshi (Le livre des Tengu) daté de 1296. Après avoir rappelé l'histoire complexe de la composition de ce rouleau, des relations qu'il entretient avec un autre rouleau peint portant le titre de Zegaibō emaki (Rouleau peint du moine Zegai), ainsi qu'avec divers autres fragments et versions du récit, l'article propose une analyse du contenu et de l 'arrière-plan culturel ayant présidé à l'élaboration de l'œuvre. Le rouleau s'inscrit en effet dans le contexte plus général de l'époque médiévale et des affrontements entre les diverses écoles bouddhiques, celles des sept écoles de Nara, du Tendai et du Shingon, réunies sous le vocable de kenmitsu taisei (système dominant des écoles bouddhiques exotériques et ésotériques) et des nouvelles écoles apparues au début de l'époque Kamakura (1192-1333). De même, le rouleau constitue aussi un commentaire sur les relations entre l'empereur et le pouvoir des guerriers, autour, notamment de figures aussi célèbres et controversées que celles des empereurs Go-Shirakawa, Go-Toba et de l 'empereur retiré Sutoku. Le rouleau est une satire des grands établissements monastiques traditionnels comme le Mont Hiei, l'Onjō-ji, le Tō-ji, le Daigo-ji, le Mont Kōya et le Tōdai-ji, dont l 'augmentation du nombre de moines et de fidèles est décrite comme la prolifération d'autant de tengu. Il n'oublie pas non plus les écoles de la Terre Pure et du zen. Le constat négatif engendré par la vision mordante que déploie l'œuvre incite à resituer celle-ci parmi d'autres textes traitant de la question des forces du mal et du démoniaque comme principe. Deux textes servent de point de départ à la réflexion : le Gukanshō (Mes vues sur l'histoire) du supérieur de l'école Tendai Men (1155- 1225) composé en 1220, et le Hirasan kojin reitaku (Les oracles des défunts sur le Mont Hira) du moine Keisei (1189-1268) qui reprend la forme du dialogue avec les tengu. La critique des mœurs des tengu, avec leur faible pour les danseuses appelées shirabyōshi, s'inscrit aussi dans un subtil discours sur les faiblesses de certains empereurs comme Go-Shirakawa. Là où Jien veut tenir à l'écart ces êtres malfaisants, à l'origine de la folie et du désordre, produit des superstitions et des ombres du cœur, Keisei, par leur truchement veut obtenir des leçons oraculaires sur le passé et les convertir. Le Livre des tengu est né des conflits internes au sein des diverses factions du bouddhisme de Kamakura. Il englobe dans sa réprobation les Anciens et les Modernes et, par les leçons qu'il prodigue tant sur le pouvoir religieux que le pouvoir laïc, il fut lu et médité par les empereurs retirés. Mais l'impact et la réception de cette satire swiftienne demeurent encore l'objet de conjectures.
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