Artigo Revisado por pares

Figures du savant

1998; Armand Colin; Volume: 28; Issue: 100 Linguagem: Francês

10.3406/roman.1998.3296

ISSN

1957-7958

Autores

Jacques Noiray,

Tópico(s)

Cultural Insights and Digital Impacts

Resumo

La littérature française du XIXe siècle donne de l'homme de science une représentation contrastée. D'une part, le savant y apparaît comme une des figures majeures de l'idéologie positiviste, incarnant quelques-unes des grandes vertus de la société bourgeoise de son temps : le goût du savoir, le sens du travail, la patience, l'esprit d'épargne. Littré, Pasteur, Marcellin Berthelot, comme leurs correspondants romanesques (Bertheroy, Jordan chez Zola), illustrent une conception positiviste du « grand homme », faite de sérieux, de modestie, de dévouement à l'humanité. D'autre part, la représentation littéraire du savant est influencée par le souvenir de modèles plus anciens et plus ambigus, relayés par l'imagination romantique. Tantôt l'image de l'homme de science se réduit au type comique traditionnel de l'original (le distrait, le coléreux, etc.), comme chez Jules Verne; tantôt elle tend à un grotesque plus inquiétant, comme chez Villiers (Bonhomet); tantôt enfin elle s'identifie à la figure mythique du surhomme, prométhéenne et (surtout) satanique, comme chez Villiers encore (dans L'Eve future), ou déjà chez Balzac (dans La Recherche de l'Absolu), avec la référence obligée à la sorcellerie, au sacrilège et à la folie. Ces deux figures opposées du savant sont en réalité complémentaires. Elles expriment les ambiguïtés d'une image de la science dans laquelle l'innocence du savoir désintéressé cède à la tentation maléfique de la puissance. L'éloge du savant philanthrope ne se sépare pas de la crainte sous-jacente du savant fou, - pas plus au XIXe siècle que de nos jours.

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