Choisir ses vacances ou les enjeux du temps libre à l'adolescence
2008; Taylor & Francis; Volume: 18; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1080/03906700802386593
ISSN1469-9273
Autores Tópico(s)Social Policies and Family
ResumoAbstract Cet article part d'un constat surprenant au premier abord. Bien que proposant des séjours collectifs avec un niveau élevé d'activités et une qualité de prestations satisfaisante, la Caisse Centrale d'Activités Sociales d'une grande entreprise française enregistre un taux de fréquentation des séjours collectifs en diminution constante. La question est la suivante: pourquoi les parents ne s'adressent-ils pas à la Ccas pour organiser les vacances de leur enfant? L'analyse s'appuie sur un modèle théorique de la famille privilégiant les effets de l'individualisme dans la famille contemporaine. L'originalité de notre approche est moins dans la description des formes contemporaines du lien familial que dans l'effort de ne plus considérer le ménage comme un acteur unique. On s'attache alors à mettre au jour les (bonnes) raisons qui conduisent les enfants et les adolescents à renoncer aux séjours collectifs. De là on prendra la mesure de l'importance du rôle décisif d'une sociabilité choisie dans les loisirs adolescents. Keywords: adolescencetemps libreacteurfamillevacancescolonies des vacances Notes 1. Cecile Rouquette (Citation2001) constate que si les séjours sont plus nombreux en 1999 qu'en 1989 (+ 20%), ils sont de plus en plus fractionnés. Leur durée moyenne diminue, principalement pour ceux d'été (13 jours et demi contre 17 en 1989). 2. Cet aménagement du temps des vacances révèle d'ailleurs l'état des ressources économiques des parents et le poids des déterminants sociologiques (Genelot Citation2000).v 3. Bien encadrés par un ministère dont l'une des charges est de prévoir et de diffuser une réglementation en matière d'encadrement et de formation du personnel d'animation, les séjours collectifs relèvent du décret n°2002-883 du 3 mai 2002 stipulant qu'un centre de vacances assure un accueil collectif de mineurs avec hébergement hors du domicile familial à l'occasion de leurs vacances scolaires et de leurs loisirs à partir du moment o[ugrave] ils réunissent plus de 12 mineurs pour une durée de plus de 5 nuits consécutives. 4. Houssaye (Citation1989). 5. Terme générique qui regroupe toutes les structures en direction de la jeunesse qui s'inscrivent dans un programme institutionnel de formation du citoyen. 6. Le budget dont dispose la Ccas est l'équivalent de celui de la ville de Rennes. Il provient du prélèvement de 1% sur les recettes d'exploitation et de distribution du gaz et de l'électricité en France. Le montant du 1% des recettes hors taxes est notifié par la Direction de la demande et des marchés énergétiques (Dideme) au Comité de coordination. Cette somme se monte à 416,360,000 euros pour l'exercice 2003–2004. Le Comité la répartit à hauteur de 71% pour la Ccas (295,615,600 euros) et 29% pour les CMCAS (120,744,400 euros). Chaque CMCAS utilise ces fonds comme elle l'entend pour des activités sociales dites «décentralisées». Pour sa part, la Ccas finance les activités sociales «centralisées»: vacances adultes et familles, vacances jeunes, contenus culturels des séjours, finales sportives, centres médico-sociaux et santé, restauration méridienne … 7. Cf. Le catalogue d'activité de la Ccas. 8. La Ccas a son propre organisme de formation des animateurs, l'IFOREP. A la question «Pourquoi les enfants d'agents ont intérêt à passer par l'IFOREP pour leur BAFA?», le directeur de l'Iforep en poste en 2005 indique que «notre plus [par rapport aux autres organismes de formation], ce sont les valeurs sociales. Notre Bafa est composé des 8 jours jeunesse et sport, mais nous y rajoutons deux jours de travail sur le projet éducatif des agents des IEG, et en permanence une dimension culturelle, en favorisant les découvertes et les pratiques. Notre objectif, c'est d'aider à l'émancipation des personnes» (cf. www.ccas.fr). 9. Cf. De Sauto Martine, «La sécurité des enfants», article paru le 03/07/2001 dans le quotidien La croix. 10. «Tout compris»: Hébergement, repas, voyage, activités, encadrement, assurances, etc. tarif relevé dans le catalogue de cette grande association (saison 2003). 11. Tarifs relevés dans le catalogue «Vos vacances à la CCAS.», saison 2003–2004. 12. Pour exemple, le tarif journalier proposé par l'association «Temps jeunes» pour un séjour (12–14 ans) axé sur des activités nautiques s'élève à 47 euros, soit 658 euros pour deux semaines; le Comité Central d'Entreprise de la SNCF. se positionne sur un tarif journalier de 8 à 18 euros (soit une fourchette comprise entre 112 et 252 euros pour un séjour de deux semaines). 13. Division Études Qualité, rapport statistique, «Les séjours jeunes (été 2002)» 14. Tableau réalisé à partir d'une base de données fournie par le service «Vacances Séjours, affectations réseaux jeunes» de la CCAS. 15. Division Études Qualité de la Ccas, Rapport statistique: Les séjours jeunes (été 2002). 16. Source: Les chiffres clés du ministère de la jeunesse et des sports (2001–2002), document transmis par la direction départementale de la Jeunesse et des sports de la Gironde. 17. Il est impossible d'aller plus loin dans la comparaison puisque les catégories du Ministère changent à partir de 1994. 18. Il importe de préciser que durant l'été 2002, 22% des enfants de salariés sont partis en séjours jeunes, alors qu'en France ce taux se situe autour de 10%. L'offre de séjour proposée par la CCAS reste donc très attractive et celle-ci peut malgré tout se satisfaire de ce résultat compte tenu de la tendance nationale. 19. Seuls les parents dont les enfants ne sont jamais partis dans ce cadre font mention de cet aspect comme étant un frein au départ, ce qui ne représente que 4.5% des réponses données par l'ensemble des personnes interrogées. 20. On ne trouve pas de différences significatives lorsque l'on croise cette réponse avec la profession du chef de famille. 21. En partie seulement puisque la configuration dans laquelle se trouvent les parents complexifie l'analyse. 22. Dans Libres ensemble. L'individualisme dans la vie commune, François de Singly consacre un chapitre sur le jeune adulte vivant chez ses parents à travers les notions d'espace et de défense d'un territoire, en l'occurrence la chambre dans le domicile familial. 23. Cette première partie ne poursuit pas un objectif de recension des différentes théories sociologiques de la famille. On peut, pour cela, se reporter à l'ouvrage de Segalen (Citation1981), aux trois tomes dirigés par André Burguière et al. (1986) sur Histoire de la famille, en particulier le tome 3 (Le choc des modernités), au n°37 de L'Année sociologique (1987) consacré à la Sociologie de la famille, à l'ouvrage de Bawin-Legros B. (1996) Sociologie de la famille et publié aux éditions De Boeck. Il s'agit plutôt de retenir l'attention sur l'autonomisation de l'individu dans la famille contemporaine et les possibilités de négociation qu'elle ouvre. 24. On présume que ces effets sont minimes si les taux relatifs à l'information et aux aspects à la fois éducatifs et pratiques sont élevés et si les taux de réponses concernant l'insécurité sont faibles. 25. Cette légère différence montre que certains parents ne transmettent pas l'information à leur(s) enfant(s) surtout si ce dernier est très jeune: les 14–17 ans sont en proportion plus nombreux à utiliser le catalogue, alors que les 8–11 ans se montrent plus dépendants de leurs parents pour obtenir des informations sur ces séjours. 26. Il est important de préciser que nous ne relevons pas de différences significatives d'appréciation en fonction de l'âge, du sexe et de l'origine sociale de l'enfant. 27. La question posée était la suivante: Les séjours jeunes de la Ccas offrent-ils une image sécurisante? 28. Cela ne remet pas en cause bien entendu le fait que les séjours collectifs sont l'occasion de faire de nouvelles connaissances. 29. Il faut également signaler la part infime des réponses indiquant un non départ en vacances. Ce taux est d'autant plus bas que le taux national s'élève à 27% (Hatchuel Citation2000). 30. Le pourcentage de l'écart maximum (PEM) est un indice permettant d'estimer la force de la liaison entre deux variables. Si le PEM est nul, on est dans le cas d'une indépendance entre les deux variables. Plus le PEM se rapproche de 100%, plus la force de liaison est importante. L'avantage du PEM. est d'être peu sensible aux variations d'effectifs. De plus, il n'est pris en compte que si (et seulement si) l'écart vis-à-vis de l'indépendance est significatif. (cf. Cibois Citation1993). 31. Hormis dans certains cas o[ugrave] les parents peuvent être une entrave. Nadia, 15 ans, insiste sur ce point: «ça ne me plaît plus de partir en vacances avec mes parents. Quand j'étais petite, je ne faisais que ça. Je ne faisais que partir en vacances avec mes parents. Maintenant, c'est fini, je n'aime pas partir avec eux parce que, bon [ … ] parce que c'est mes parents c'est tout. Je ne me sens pas libre, ils sont plutôt [ … ] nous on est des marocains. Donc, ils sont plutôt attachés, ils sont plutôt stricts. Pas ma mère mais mon père, il est assez dur. Je ne peux pas aller à la plage, je ne peux pas rigoler avec mes personnes. Enfin, si, je peux rigoler avec des copines mais pas avec des copains». 32. Les données proviennent des statistiques du personnal publiées par l'entreprise.
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