‘La bonne mère:’ Pratiques rurales et urbaines de la rougeole chez les femmes haalpulaaren du Sénégal
1986; Elsevier BV; Volume: 23; Issue: 11 Linguagem: Francês
10.1016/0277-9536(86)90329-1
ISSN1873-5347
Autores Tópico(s)Aging, Elder Care, and Social Issues
ResumoOn décrit généralement le village comme un lieu de tradition et la ville comme un lieu de modernité. Afin de remettre en question cette opposition, une enquête a été réalisée auprès de 100 mères Haalpulaaren (Toucouleur et Peul), 50 originaires d'un village de la région du fleuve Sénégal et 50 habitant un quartier de la banlieue défavorisée de Dakar; elles ont été interrogées sur leurs représentations et leurs pratiques concernant la rougeole, qui constitue la première cause de mortalité avant 5 ans dans le groupe urbain, et la seconde dans le groupe rural. Alors que la létalité est identique dans les deux groupes, et même supérieure parmi les enfants des villageoises présents en ville lors de la maladie, la rougeole est beaucoup plus redoutée au village où elle survient par épidémie qu'en ville où elle sévit sur un mode endémique. De plus, les interprétations causales semblent être transformées par l'environnement différent de la ville où l'explication mécaniste par les vents ayant perdu son support matériel se transforme en une interprétation métaphorique et magique par le vent-esprit. Quant à l'étude des pratiques thérapeutiques, elle indique un comportement globalement plus traditionnel (apprécié sur le recours à la pharmacopée traditionnelle et la couverture vaccinale) en milieu urbain qu'en milieu rural. Ce résultat paradoxal provient de l'existence d'un sous-groupe de migrantes (présentes en plus grand nombre à la ville qu'au village) qui se conduit comme un front de résistance au changement et de renforcement des comportements traditionnels. Par ailleurs, l'influence de l'appartenance aux castes semble disparaître en ville où les pratiques thérapeutiques se différencient selon le degré d'intégration à la vie citadine mesurée par l'usage de la langue véhiculaire. Ainsi, le passage du village à la ville apparait comme un processus complexe et discontinu avec une rupture dans les pratiques sociales correspondant à la période précaire et transitoire de la migration. Anthropologists usually describe the village as a place of tradition, and the town as a place of modernity. In order to question this opposition, a study was carried out among 100 Haalpulaaren mothers (Tukulors and Fulas), 50 from a village in the Sahelian area along the Senegal River and 50 from an underpriviledged suburb of Dakar. They were asked about their representations and practices related to measles, which is the first cause of mortality under 5 years of age in the urban group, and second in rural group. Although fatality rates were equivalent in both groups and even higher among village children who had been staying in town at the time of the illness, measles seems much more feared in the village where it comes by epidemics than in town where it is endemic. Moreover, causal interpretations seem to be changed by the different environment of the city where the mechanistic explanation by winds has lost its material basis and is changed into the metaphoric and magical interpretation of wind-spirits. As for therapeutic practices, the study reveals a more traditional behaviour (judged on use of local remedies and immunization coverage) in the urban group than in the rural group. This paradoxical result can be explained by the existence of a subgroup of migrant women (seen in town more than in the village) who appear to resist to change and reinforce their traditional behaviours. Finally influence of castes seems to disappear in town, where therapeutic practices vary according to the level of integration into urban society (measured by use of the vehicular language). Thus, the passage from village to town appears as a complex and discontinuous process, with a break in social practices which corresponds to the transient and precarious period of migration.
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