La catastrophe et la précaution
2001; EDP Sciences; Volume: 9; Issue: 3 Linguagem: Francês
10.1016/s1240-1307(01)80049-2
ISSN1765-2979
Autores Tópico(s)Risk Perception and Management
ResumoLa socidt6 industrielle, qui repose sur le d6veloppement des sciences et des techniques, semble d6couvrir aujourd'hui, avec quelle effervescence !, quelle confusion de pens6e !, que des menaces graves, voire gravissimes, p~sent sur son avenir. Notre ex-ministre de I'Environnement, Corinne Lepage, vient de publier un salutaire cri d 'a larme en compagnie du phi losophe Fran~_ois Guery. L'extr6me importance du sujet trait(~ ainsi que [a pertinence et la force de certaines des th~ases d6fendues par les auteurs mdritaient cependant inf iniment mieux que cette conversat ion pesante et rdp6tit ive tenue devant un magn6tophone, dont la transcription donne un texte qu'on n'ose appeler un [ivre, qui ne fur (re)lu par personne dans la chaTne 6ditor iale, ni par les auteurs, ni par la directrice de collection, ni par les correcteurs des Presses universitaires de France. Je n'ai aucune preuve pour avancer ce qui prdc~de, mais c'est de tr~s loin, on en conviendra, I'hypoth~se la plus charitable, la moins humil iante pour les personnes concern6es si I'on doit rendre compte du tissu d'horreurs 6ditoriales dont w)ici un maigre 6chanti l lon. Prenez une phrase, inversez le suiet et le verbe et accordez derechef ]e verbe avec son compl6ment. Ainsi : (p. 44). [nventez des conjugaisons in6dites et originales : > (p. 114); ~ > [re brevette-[~ est si bien tourn6 que les auteurs ne rdsistent pas au p[aisir de I 'employer plusieurs fois : p. 218 et 22421 ; > (p. 74). (_)n se demande ,~ partir de quel nombre d'habitants de la plan~te le verbe serait mis au pluriel, sans doute deux milliards. Pour 6tre s0r que votre lecteur vous suit bien, r6p6tez mot pour mot, ~] quelques pages d' interval le, des paragraphes entiers (p. 184 et 190). Pour facil iter la t~che de ce rn6me ]ecteur, appelez un jour le groupe intergouvernementai sur 1'6volution du cl imat par son nom et son sigle fran(~ais (p. 69), le lendemain par son nom et son sigle anglais (p. 73), sans signaler qu' i l s'agit de la m~me entitY. Puisque I'r~nergie est I'un de vos th~mes de pr6dilection, inventez une unit6 de mesure propre ~ dtonner les physiciens, le kilowatt/heure (p. 69). Pour ne pas rendre ja[oux ]es chimistes, appelez > le CO 2 (p. 67). Faites correspondre les pronoms personnels d'autres noms que ceux que vous 6noncez, surtout [orsque cela vous permet de produire des effets d6sopilants. Ainsi : ~ il y a des gens qui consomment nouveau de la cervelle ou des ris de veau. On n'a pas respect6 I'interdiction sou> pr(,texte qu 'on ne leur donne plus de farines. Donc plus de clanger. >> (p. 1 7-18). Une analyse grammalicale simple permet d'inf6rer : ~ on ne donne plus de farines aux gens, ni d'ail leurs de danger. >> On respire ! Chaque fois que c'est possible, inventez des d~alogues dans le style nonsense des fr~_,res Marx, comme si vous vguliez entrer au coll~ge de pataphysique de Francis Blanche. Ainsi : F. Guery : > C. Lepage : (p. 55). Parlez anglais pour faire ioli ou prdtentieux, mais ar~angez-vous pour que ce soit dr61e aux oreilles des natives /\insi de la disparition du Golf Stream (sic), qui serait une catastrophe majeure, certes, mais surtoul poul les joueurs de golf ! (p. 81). Ne Idsinez [)as sur les p~6onasrnes et autres redondances, on pourrait sil~on s,~ demander de quoi vous parlez. Ainsi : > Ip. 381. II est (n vdrit(' I:rL's diff ici le d'6tre ]e seul de son espbce ~'t plu~ eurs. ,4e respectez surtout pas I'orthographe d~-s noms des auteurs que vous citez, on pourrait les identifier trop faci lement I~ > pour Illich, p. 177 ; ~ Prygogine >> pour Pri#ogine, p. 186 ; pour Ko~srilsky, une douzaine d'occurrences entre les pages 21}4 et 25.5, ce qui est bien le combie 6tant donm. la place qu'occupe le rapport du m6me nom dans toLJte dis(ussion sur le sujet ; etc.I. Ne vous g6nez surtout pas puisque personne ne vous en tiendra rigueur, 6videmment i,as les (:ritiques qui, Iouant votre production (re qu i t s ! leur droit), omettront soigneusement de signaler aux lecteuls potentie[s quoi ceux-ci s'exposent (~e qui est leur d6mission). Je tiens ~ la disposition de qui voudrait en faire usage, bon ou mauvais, la [iste des queique deux cents barbarismes de ce genre qui pMluent cet obiet 6ditorial de pr?'s de quatre cents pages. Pourquoi insister sur cet as'aect des choses ?Tout simplement parce que cette honte-I~ est ~ mettre en rapport avec le sujet m6me trait6 p,tr ]es auleurs, qui a nom : respect pour les choses cr~'~ es, le monde, la vie, les 6tres. Le respect dO par un auteur ~ ses lecteurs en fair me semble-t-i l partie. Mais peut-6tre suis-je un conservateur ind6crottable qui se bat pour ]a pr6servation d'une chose de~j~ morte : le livre. Sans doute 1'6diteur a-t-il dO se dire que les propos d'une femme pol i t ique 6taient toujours bons ~ prendre, le produit se vendant pendant trois mois, le temps qu'un autre JEAN-PIERRE DUPUY Professeur GRIS¢, I~cole Polytechnique et universite de Stanford, 1, rue Descartes, 75005 Paris, France jpdupuy@poly. polytechnique.fr
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