Artigo Acesso aberto

De quelques avatars de l’oralité littéraire

2009; Issue: 7 Linguagem: Francês

10.4000/pa.183

ISSN

2273-0362

Autores

Anne-Marie Dauphin, Jean Derive,

Tópico(s)

Linguistics and Language Studies

Resumo

Parcours anthropologique De quelques avatars de l'oralité littéraireAnne-Marie Dauphin & Jean Derive L'art oral remonte sans doute aux origines de la parole.Il est difficile d'en avoir une preuve tangible dans la mesure où, par définition, il ne laisse pas de traces.Les plus anciennes que nous puissions avoir d'« oeuvres » à caractère littéraire (Enuma Elish, Gilgamesh, etc.) sont paradoxalement des traces écrites, même s'il est à peu près certain qu'elles relèvent de civilisations toujours régies par le mode de l'oralité.Les manuscrits retrouvés ne sont en effet probablement pas à prendre comme les oeuvres elles-mêmes, dans toute la chair qu'elles avaient lors de leur récitation -ils étaient plus vraisemblablement les aide-mémoire de quelques clercs ayant à charge de mémoriser ces oeuvres et de les réciter en public.Il existe d'ailleurs de nombreuses zones de civilisation où ces traces écrites d'un patrimoine oral ancien sont absentes, même là où les sociétés avaient la maîtrise d'une technique graphique.Elles ont tout simplement, comme en Afrique noire par exemple, dédaigné l'écriture comme moyen de fixation de leur culture orale, préférant l'art de l'éphémère à la momification du manuscrit.Il semble que cette situation d'oralité dominante ou exclusive ait perduré jusqu'à la pratique généralisée de l'imprimerie : celle-ci a fait de l'objet écrit un objet de consommation culturelle individuelle, modifiant du même coup le rapport à la parole, dont la consommation est devenue différée et réversible, provoquant le basculement d'un idéal de mimesis (reproduire à l'identique le patrimoine) à un idéal d'innovation, voire de transgression (Derive : 2004a ; Derive : 2006).L'humanité est ainsi passée progressivement de la raison orale à la raison graphique (Goody : 1979).C'est au moment où elle a commencé à se voir marginalisée, puis menacée dans son existence même par les pratiques culturelles d'un monde de plus en plus sous l'empire de cette raison graphique, que l'oralité « littéraire », celle des conteurs, aèdes et autres bardes, a commencé à faire l'objet de transpositions et/ou de mutations.A progressivement émergé une prise de conscience de la nécessité urgente qu'il y avait à collecter le fonds de ce patrimoine oral universel qui risquait tout bonnement de disparaître avec l'évolution des pratiques socioculturelles.Si elle ne date pas d'aujourd'hui, jamais cette prise de conscience n'a cependant été aussi vive qu'à notre époque.On sait la fortune du mot d'Hampâté Bâ à propos de l'Afrique où, dit-il, une bibliothèque brûle chaque fois que meurt un vieillard.Plus récemment encore, l'unesco a cherché à

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