Des cultures en contact. Visions de l'Amérique du Nord francophone (review)
2007; University of Toronto Press; Volume: 76; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1353/utq.2007.0226
ISSN1712-5278
Autores Tópico(s)Canadian Identity and History
ResumoReviewed by: Des cultures en contact. Visions de l’Amérique du Nord francophone Noële Racine (bio) Des cultures en contact. Visions de l’Amérique du Nord francophone, s. la dir. de Jean Morency, Hélène Destrempes, Denise Merkle et Martin Pâquet Québec, Éditions Nota bene, coll. Terre américaine, 552 p., 29,95$ Apparaissant dans un contexte de « mondialisation » et de « glocalisation » (en italique dans le texte) — pour reprendre le terme forgé par le sociologue Roland Robertson — propre à faire réfléchir aux rapports étroits qui se tissent entre les différentes sphères d'activités culturelles de l'époque contemporaine, Des cultures en contact. Visions de l'Amérique du Nord francophone réunit en six sections — aux sous-titres éloquents : « Enjeux interculturels », « Histoires », « Paroles », « Amériques », « Théâtres hybrides », « Écritures croisées », précédées d'une introduction — pas moins de trente articles. Ayant été écrits par des chercheurs provenant d'horizons aussi divers que multiples (philosophie, politique, histoire, traduction, littérature, linguistique, études cinématographiques, études théâtrales, etc.), ils ont tous, néanmoins, deux visées similaires. Primo, ils « rend[ent] compte du phénomène interculturel dans les différentes communautés francophones de l'Amérique du Nord » en général. Secundo, ils cernent « comment ces collectivités ont de tout temps — et continuent de le faire — composé avec des formes variées d'altérité culturelle [...] des premières colonies françaises jusqu'à l'ouverture cosmopolite actuelle ». [End Page 116] Parmi ces textes, plusieurs ont attiré mon attention. Pour commencer, dans un article rempli d'espoir, Luc Vigneault explique avec brio et aisance la teneur du concept de « la reconnaissance réciproque » (en italique dans le texte) qu'a inventé le philosophe et politicologue Charles Taylor pour décrire à la fois « l'identité [comme une] structure d[e] récit » et « la formation identitaire comme une dynamique inextricablement liée à la parole d'autrui ». Ce que soutient Luc Vigneault, c'est que l'actualisation de cette notion permettrait d'entrevoir un aboutissement au « processus identitaire » ainsi qu'une solution à la souffrance vécue par les « sociétés pluralistes ». Hélène Destrempes démontre, pour sa part, et avec une clarté exemplaire, que la figure de l'Indien dans la littérature canadienne-française du xixe siècle s'inspire des récits français et britanniques, mais qu'elle puise également aux sources écrites américaines — telles que les « Indian Captivity Narratives » (en italique dans le texte) et les « Indian hater fiction » — à partir du moment où elle projette de devenir une littérature dite « nationale ». Rainier Grutman, quant à lui, développe le concept fécond et innovateur de « diglossie littéraire » ou de « diglossie textuelle » (en italique dans le texte) qui procède, selon lui, d'une « répartition fonctionnelle » des (niveaux de) langues écrites dans une œuvre. Le propre d'un « text[e] diglossiqu[e] » — et qui ne doit pas être confondu avec « le texte bilingue stricto sensu », d'après Rainier Grutman — serait précisément une « double codification : bilingue (identitaire) et unilingue (exotisante) » de l'écriture. Il s'agit donc d'une « stratégie textuelle » permettant non seulement de rejoindre un plus grand « public cible », mais aussi de faire une « double lecture ». De son côté, Sylvia Kasparian pose un nouveau regard sur la situation de mixité linguistique qui caractérise les francophones de l'Amérique du Nord. Elle propose ainsi l'idée séduisante selon laquelle les locuteurs peuvent se forger différentes « configuration[s] de comportements langagiers » dépendamment des contextes — ou des « arène[s] » — dans lesquels ils se trouvent. De ces variations de choix linguistiques, d'après Sylvia Kasparian, résulte une « reconstruction » constante de « l'identité culturelle » de ces individus qui ne se situent pas qu'à un seul endroit sur « les continuums unilingue à bilingue, uniculturel à biculturel, [et] uniethnique à multiethnique ». Blanca Navarro Pardiñas, elle, relate avec sensibilité la « [r]encontre symbiotique » qui s'est produite entre l'écrivaine Antonine Maillet et l'immigrante espagnole qui est devenue sa gouvernante. Aux dires de la critique, cette rencontre et la relation...
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