Artigo Revisado por pares

Évolution de la politique littéraire soviétique : XXe-XXVIIe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique

1987; Presses Universitaires De France; Volume: 18; Issue: 3 Linguagem: Francês

10.3406/receo.1987.1322

ISSN

2259-6100

Autores

Dauphine De Montlaur Sloan,

Tópico(s)

Canadian Identity and History

Resumo

Cet article explore les rapports entre politique et littérature en U.R.S.S. depuis le premier « dégel » déclenché par le XXe Congrès du Parti communiste de l'Union soviétique, prélude à l'austérité du régime de Leonid Brejnev, jusqu'à F« ouverture » (glasnost) pratiquée par l'actuel Secrétaire général, Mikhaïl Gorbatchev. Les autorités assignent à l'écrivain la mission de défendre et promouvoir l'idéologie officielle, conforter l'assise du pouvoir et éduquer le peuple dans le but d'édifier une société communiste nouvelle. Afin de faire exécuter sa commande, l'État s'est efforcé d'organiser nature et contenu de la littérature ainsi que tout aspect de la profession d'écrivain. Le Réalisme socialiste, modèle littéraire officiel institué en 1932, reste en vigueur et comprend thèmes et héros exaltant idéologie (idejnost) et Parti (partijnost), patriotisme, activisme et optimisme, valeurs contribuant toutes à la force de la nation et auxquelles M. Gorbatchev a désormais rajouté la nécessité d'une critique objective et constructive. Mécanisme précis, la censure contrôle le contenu, l'orthodoxie et l'impact social de toute œuvre et veille ainsi au respect de ces principes. Enfin, l'Union des écrivains régit les devoirs politiques et droits sociaux des écrivains ayant la chance d'appartenir à cette élite. Avantages et récompenses sont offerts aux fidèles serviteurs de l'État ; tracasseries et répression menacent les individualistes. L'interaction entre politique et littérature apparaît clairement puisque l'écrivain demeure un instrument aux mains du pouvoir soviétique : conformiste, il l'assiste en véhiculant sa politique ; non-conformiste, il permet d'évacuer un trop-plein d'insatisfaction, agissant ainsi en « soupape de sûreté », et offre à l'État, par la répression dont il peut faire l'objet, l'occasion de démontrer sa puissance. Toutefois, par contrecoup de l'intervention de l'État dans la création littéraire, l'écrivain soviétique non-conformiste a retrouvé son influence politique et sociale grâce aux moyens techniques (méthode d'Esope) et pratiques (samizdat et tamizdat) mis au point depuis le début des années soixante. Il contribue à l'évolution de son art par l'apport d'idées hétérodoxes d'une part, par une nouvelle esthétique de l'écriture, d'autre part.

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