La Semence de Roland Barthes (la French Theory et Après)
2014; Routledge; Volume: 18; Issue: 1 Linguagem: Francês
10.1080/17409292.2014.882667
ISSN1740-9306
Autores Tópico(s)Semiotics and Representation Studies
ResumoAbstractOn ne peut penser la French Theory à laquelle on rattacha Roland Barthes, sans tenir compte de l’apport fondamental qu’y marquèrent les théories de Freud, Lacan, mais aussi Klein ou Winnicott. Tout comme Deleuze, Derrida ou Foucault, Barthes inscrit son travail d’écriture à l’intérieur même du bouleversement radical que la psychanalyse imprima à la conception occidentale de la subjectivité. Le sujet pervers et heureux d’une écriture-lecture désirante que Barthes construit peu à peu, est le sujet d’une analyse réinventée.Keywords: VulnérabilitéStructuralismeAffectPsychanalyse Notes1 Roland Barthes, Le Neutre, Cours au Collège de France, 1977–1978 ; texte établi, annoté et présenté par Thomas Clerc ; désormais noté N.2 Roland Barthes, La Préparation du Roman I et II, Cours et séminaires au Collège de France (1978–1979 et 1979–1980) ; texte établi, annoté et présenté par Nathalie Léger ; désormais noté PR.3 Roland Barthes, Oeuvres complètes, nouvelle édition revue, corrigée et présentée par Eric Marty, 2002, tome IV. Sauf indication contraire, toutes les citations de Barthes renvoient à cette édition en cinq tomes ; j'indique entre parenthèses le volume, suivi de la page.4 Sur Duchamp et sa notion d’inframince, voir Thierry Davila, De l’inframince : Brève histoire de l'imperceptible, de Marcel Duchamp à nos jours. Davila montre comment Duchamp construit des intensités par soustraction ; il oblige le spectateur à un réapprentissage du regard, ouvrant le champ du sensible à un seuil de quasi imperceptibilité. Sur la « différence séparative inframince », voir aussi Georges Didi-Huberman, La Ressemblance par contact, 283–295.5 Préface que Barthes rédige en 1971 pour la réédition des Mythologies (I, 673).6 Du Système de la Mode, Philippe Roger, dans son indispensable Roland Barthes, roman, écrit que « l’esprit du temps semble surtout avoir retenu ce scandale délicieux d’un épais et scientifique pensum consacré au frivole ».7 L’exemple de cette encyclopédie, comme l’on sait, est cité par Foucault dans sa préface de Les Mots et les choses : « Les animaux se divisent en : a) appartenant à l’Empereur, b) embaumés, c) apprivoisés, d) cochon de lait, e) sirènes, f) fabuleux, g) chiens en liberté, h) inclus dans la présente classification, i) qui s’agitent comme des fous, j) innombrables, k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau, l) et cætera, m) qui viennent de casser la cruche, n) qui de loin semblent des mouches ». 8 Mot joycien, notons-le au passage, qui signifie en anglais à la fois « forger » et « fabriquer de toutes pièces, contrefaire ». La forgery est l’un des fondements de l’esthétique joycienne, depuis Stephen l’artiste (« a symbol of the artist forging anew in his workshop out of the sluggish matter of the earth a new soaring impalpable imperishable body » [A Portrait of the Artist as a Young Man 169]) jusqu’à Shem the Penman, l’un des doubles de l’écrivain dans Finnegans Wake, décrit à la fois comme « a forger and a sham » (un imposteur).9 Michelet, écrit Barthes en 1954, « s’est donné le double sexe (‘Je suis un homme complet, ayant les deux sexes de l’esprit’). Il n’a jamais éludé ce qui pouvait en lui manifester la femme, affirmant qu’il tenait tout de sa mère, exposant sans retenue une espèce de variabilité nerveuse qui passe aux yeux du sens commun pour propre aux femmes, recevant sans protester les accusations ou les compliments qui décelaient de la femme en lui, conscient même d’une sorte de morphologie féminine qu’il n'a rien fait pour corriger […] » (I, 413).10 « Le dandysme et la mode », article que Barthes fait paraître en juillet 1962 dans United States Lines Paris Review (II, 30). Le dandysme, autre nom, en tonalité mineure, d'un troisième terme…11 Leo Spitzer, « L’Effet de sourdine chez Racine » Citation(1931) dans Études de style, traduit de l’anglais et de l'allemand par E. Kaufholz, A. Coulon et M. Foucault, Gallimard, 1970.12 Barthes consulte Lacan en 1954 puis en 1977 ; à chaque fois, l'entreprise analytique tourne court. Cf. Louis-Jean Calvet, op. cit., p. 140 ; Marie Gil, op. cit., p. 192 et 462.13 Sur la différence que fait Barthes entre « l’œuvre », prise dans un processus de filiation et « le texte » se lisant « sans l’inscription du Père », inter-texte sans héritage, voir en particulier l’article de 1971 « De l’œuvre au texte » (III, 913).Additional informationNotes on contributorsEvelyne GrossmanEvelyne Grossman is a Professor at the Université Paris Diderot – Paris 7, and former President of the Collège international de philosophie. Specializing in esthetic and literary theory, her research examines the intersection between literature, philosophy, and psychoanalysis. She has devoted a number of works to the oeuvres-limites of philosophers, writers, and contemporary artists, including Beckett, Blanchot, Lacan, Derrida, Levinas, Deleuze, Louise Bourgeois, and Marguerite Duras, as well as to the writings, notebooks, and drawings of Antonin Artaud. Her recent publications include Louise Bourgeois, Three Horizontals (with F. Danesi and F. Vengeon, 2011), L'Angoisse de penser (2008), and La Défiguration. Artaud, Beckett, Michaux (2004).
Referência(s)