Les Etats-Unis et les Américains dans les lettres haïtiennes
1980; Laval University; Volume: 13; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.7202/500517ar
ISSN1708-9069
Autores Tópico(s)Caribbean and African Literature and Culture
Resumoléon-françois hoffmannJusqu'aux dernières décennies du XIX e siècle, Haïti et les États-Unis n'entretiennent que des rapports occasionnels, de nature essentiellement commerciale; rapports modestes, d'ailleurs, le commerce extérieur d'Haïti s'effectuant surtout avec l'Europe.Très rares furent les firmes américaines qui cherchèrent à s'implanter en Haïti, peu nombreux les citoyens des États-Unis qui vinrent y chercher fortune.Il faudra du reste attendre 1862 pour que le président Lincoln accepte d'établir des relations diplomatiques avec Haïti.Craignant que de reconnaître officiellement l'indépendance de la Répu blique Noire n'encourage des soulèvements d'esclaves dans leurs circonscriptions, les parlementaires des États du sud s'y étaient jusque-là opposés.C'est dire que, contrairement à la France, à l'Allemagne et à l'Angleterre, les États-Unis ne s'ingéraient encore guère dans les affaires d'Haïti.À la demande du gouvernement de Port-au-Prince, qui désirait pallier la pénurie de cadres et de main-d'oeuvre spécialisée, des organismes privés et gouvernementaux des États-Unis avaient cependant (dès avant 1862 et à plusieurs reprises) organisé l'émigration en Haïti de techniciens et d'artisans noirs libres américains.Profitant du droit de rési dence ainsi que des grandes facilités de naturalisation accordés à toute personne de descendance africaine, quelque 13 000 Américains de couleur vinrent s'établir en Haïti entre 1824 et 1828.D'autres arrivèrent en 1856; 1600 émigrants débarquèrent en 1861.Un dernier groupe de 500 colons s'établit dans l'île à Vache au sud des Cayes en 1863.Mal organisés, ces projets se soldèrent par des échecs : 1 400 des 1 600 émigrants de 1861, par exemple, réclamèrent et obtinrent d'être rapatriés 1 .Quoi qu'il en soit, l'arrivée des colons américains de couleur ne semble pas avoir laissé de traces dans les lettres haïtiennes.On trouve toutefois dans Stella d'Émeric Bergeaud (Paris, 1859), le premier en date des romans haïtiens, une référence à Miss Francis {sic pour Ce que fit le vieux Brown est plus divin, je crois.Le gibet du martyr fait songer à la croix!Avoir pour soi les droits et choisir le devoir; Libre, haïr les fers ; blanc, mourir pour le Noir : Oh! l'amour pouvait seul accomplir ce prodige!Et le poème finit sur une dénonciation des Virginiens qui ont supplicié le héros : Heureux Virginiens, tandis que le vertige Du triomphe vous grise, à ce triste échafaud Lancez vos traits railleurs.Vantez, vantez bien haut Vos succès, en mêlant à ce nom pur, auguste, L'amère insulte -seule aumône à l'homme juste Réservée ici-bas!Vous faites bien.-Mais nous Au pied de ce gibet nous tombons à genoux [...].Rédempteur des noirs, Brown meurt pour leur liberté.Comme le Christ divin, rempli d'humanité, Il plane à son gibet, transfiguré, sublime!Mais sa semence un jour fera l'arbre du bien; Le droit sera la force et l'esclave un chrétien ; Le grand peuple éteindra dans son sang le grand crime.
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