Rubel et la question de l'éthique chez Marx
1987; L'Harmattan; Volume: 84; Issue: 2 Linguagem: Francês
10.3406/homso.1987.3258
ISSN2101-0226
Autores Tópico(s)Philosophical and Theoretical Analysis
ResumoLe rapport entre éthique et marxisme est une question qui resurgit périodiquement. Depuis la Deuxième Guerre mondiale, Maximilien Rubel défend la thèse de l'importance, voire de la prééminence éthique dans l'oeuvre de Marx. Pour Rubel deux dimensions sont étroitement liées chez Marx, d'une part le dualisme irréductible entre science et éthique ; d'autre part l'enracinement de l'éthique révolutionnaire dans un mouvement d'auto-émancipation réel de la classe ouvrière. Cette vision de l'œuvre de Marx pose au moins deux problèmes. 1) Si l'éthique est certes importante, sa séparation de la « science » tend, de fait, à une remise en question de l'objectivité, de l'enracinement historique du projet révolutionnaire. L'éthique devient alors éthique de repli, de préservation. 2) Le doute sur la « science » révolutionnaire — en fait l'objectivité du projet révolutionnaire — atteint ainsi le rôle essentiel du marxisme que constitue la thématique de l'autopraxis historique du prolétariat. Si l'auto-émancipation des opprimés comme réalité à l'œuvre n'a pas ou n'a plus la force qui lui était attribuée, l'éthique de refus d'un monde inhumain prend effectivement une place prééminente, dans l'attente d'un indispensable enracinement dans la vie sociale de tout projet révolutionnaire.
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