Le Québec à Las Vegas : pérégrinations postidentitaires dans l’hyper-Amérique
2009; Issue: 45 Linguagem: Francês
10.7202/044272ar
ISSN1923-0893
Autores Tópico(s)Social Sciences and Governance
ResumoLe Québec à Las Vegas : pérégrinations postidentitaires dans l'hyper-Amérique R ares sont les semaines où il ne s'écrit ni ne se dit rien dans les médias québécois sur le Cirque du Soleil, sur Robert Lepage ou sur Céline Dion.Les médias (et les gouver nements québécois successifs par-delà leur allégeance) se sont gonflés à bloc par l'omniprésence d'artistes québécois sur les planches vegassiennes, ville tutélaire de l'hyper-Amérique.Contribuant à un discours de triomphalisme culturel québécois, le triumvirat Cirque-Céline-Lepage représente à lui seul -et ce, dans la ville du fantasme américain assumé, brandi, sinon marqué au fer -le symbole du succès international d'une offre culturelle postnationale, voire postidentitaire.Non pas qu'ils rejettent ce qu'ils ont de québécois, bien au contraire, Céline multipliait ses passages éclairs au Québec en avion privé alors même qu'elle présentait son spectacle permanent à Las Vegas ; Robert Lepage, malgré ses innombrables projets de théâtre et d'opéra à l'étranger, maintient un pied à terre artistique et administratif dans sa ville de Québec ; le Cirque, alors qu'il pouvait faire appel à l'échelle planétaire aux plus grands metteurs en scène du divertissement, choisissait plutôt de recruter dans le milieu québécois du théâtre subventionné les principaux metteurs en scène et concepteurs de ses spectacles permanents.Ainsi furent débauchés momentanément à leur pratique théâtrale « légitime » Dominic Champagne, René Richard Cyr, Robert Lepage et Serge Denoncourt à Las Vegas seulement, pour ne rien dire des contrats de mise en scène également octroyés à Fernand Rainville, François Girard et Gilles Maheu.Ce dernier, on s'en souviendra, avait monté le spectacle musical Notre-Dame de Paris contre lequel une partie du milieu et de la critique s'était insurgée devant l'acte « putatif » d'un des leurs.Très peu, hormis les universitaires, s'insurgent publiquement aujourd'hui devant le fait que tant d'artistes québécois se laissent séduire par le chant des Sirènes désertiques de la multinationale du divertissement.
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