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Un livre à venir. Rencontre avec Nicole Brossard

1977; Erudit Consortium; Volume: 3; Issue: 1 Linguagem: Francês

10.7202/200084ar

1705-933X

Michel van Schendel, Jean Fisette,

French Urban and Social Studies

Un livre à venir Rencontre avec Nicole Brossard Michel van Schendel et moi-même avons rencontré Nicole Brossard à deux reprises dans l'intention de l'interroger sur les livres passés, sur ce que signifient pour elle les notions de littérature, roman, poésie, écriture, texte, etc. Mais plutôt qu'une entrevue, c'est une discussion qui s'est établie où chacun à son tour était questionné.Et, ce n'est qu'à la fin de la seconde rencontre qu'on a découvert qu'en fait, on n'avait parlé que du livre que Nicole Brossard s'apprête à écrire: l'Amer ou le chapitre effrité à paraître aux éditions Quinze.(Jean Fisette) Les pratiques d'écriture J. F. Sous la rubrique du «roman», tu nous as donné Un livre' 1 , Sold-out 2 et French Kiss 3 ; après la poésie qui, somme toute, était assez peu figurative, cette entreprise était surprenante, si l'on songe à ce qui s'appelle habituellement «roman».Alors, je te demande à quel besoin correspondait cette entreprise?M. v. S. Moi, je ne suis pas d'accord avec cette opposition poésie/roman ; la poésie de Nicole Brossard me semble au contraire très figurative: l'identité corps-texte par exemple réalise le comble du figuratif.N. B. J'ai écrit Un livre après Suite logique 4 et le Centre blanc 5 ; je tiens à le rappeler car il y a là un lien très important.Lorsque j'écrivais le Centre blanc, je croyais qu'avec la poésie, on pouvait aller très loin: dépasser le silence et tout dire.Mais j'ai découvert que l'essentiel, c'est-à-dire l'extrême douleur et l'extrême plaisir, on ne pouvait le dire consciemment avec des mots.Puis, il y a eu un temps de silence où dominait le sentiment de faillite à l'égard de ce que j'avais investi dans l'idée même de poésie.J'ai alors beaucoup lu et très peu écrit; j'en suis arrivée à croire qu'on ne peut dire le plaisir que si l'on a du plaisir en écrivant.C'est peut-être aussi simple que ça: écrire que ce n'est pas simple.Puis je suis arrivée au roman : le roman, c'est un prétexte -sans jeu de mots -, qui utilise aussi les personnages comme prétextes.Dans Un livre, -il faut le distinguer des deux romans suivants -je porte un regard sur moi-même en train d'écrire; c'est très clair en général, il y a